Conseil municipal du 28/05/2020 – La ville accompagne le désengagement de l’Etat en matière de sécurité- Intervention d’Olivier TOURNAY (PCF)

Rapport 5 :  convention de coordination entre la Police Municipale et les forces de sécurité de l’Etat.

Ce document revêt un caractère obligatoire, mais illustre parfaitement le glissement concret du service public de la police, de l’Etat vers les communes (si elles en ont les moyens bien entendu). L’article 17 de cette convention est même éloquent puisqu’il dispose que « La Police Municipale pourra être saisie par le CIC aux fins de renforts des effectifs de la Police Nationale ».

En d’autres mots, puisque la police nationale perd depuis des années des moyens, particulièrement en matière de personnel, l’Etat se décharge sur les communes. C’est une stratégie que votre famille politique a mis en œuvre et à laquelle vous souscrivez Madame le Maire. 144.000 postes de fonctionnaires ont été supprimés entre 2008 à 2012, sous la présidence de Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon, dont 13000 suppressions de postes fonctionnaires de police et de gendarme : le commissariat de Saint-Quentin en avait d’ailleurs frais les frais sans que cela émeuve la majorité municipale.

Cette volonté de transférer cette prérogative de l’Etat vers les communes se poursuit puisque la loi de finances 2020 entraîne la suppression de 2472 postes dans la police nationale. A Saint-Quentin, c’est 7 départs non remplacés. De la même manière, vous n’êtes pas sans savoir que le maintien de l’ordre est désormais une mission qui n’est plus l’apanage des Compagnies Républicaines de Sécurité, mais de toute la police nationale. Cela veut dire que les effectifs des commissariats auront encore moins de temps à disposition pour les missions de police secours ou de l’accueil du public.  Vers qui  va-t-on se tourner de fait ? Vers la police municipale, là encore pour les communes qui en ont les moyens.

D’un pouvoir régalien de l’Etat qui doit pourtant assurer que la Police soit « une et indivisible », nous assistons à un désengagement vers les communes. Cette tendance ne fait que s’accentuer, il suffit de lire le rapport parlementaire d’Alice THOUROT et de Jean-Michel FAUVERGUE, le «continuum de sécurité vers une sécurité globale» qui pousse à aller encore plus loin dans le transfert de prérogatives. Ou encore de constater que Nice se voit confier une expérimentation l’extension des compétences de sa police municipale.

Le livre blanc sur la sécurité intérieure qui doit bientôt être remis nous éclairera sur la question, mais nul doute qu’il ira en ce sens.

Alors, ce désengagement, Madame le Maire, vous l’accompagnez, car vous savez notamment que c’est électoralement porteur (il suffit de lire les enquêtes d’opinion). Tout comme vous portez à bout de bras la très coûteuse vidéosurveillance pour laquelle il n’est pas possible de la mettre en perspective avec les statistiques de la délinquance. 129 réquisitions l’an dernier de la police nationale pour la vidéosurveillance, pour  3062 crimes et délits à Saint-Quentin. Ce qui veut dire que la vidéosurveillance n’a un rôle que dans 2.3% des faits de délinquances, sans que l’on ne sache si le fait a été résolu. C’est très peu au regard des millions d’euros qui ont été investis pour ces équipements de surveillance.

En définitive, si le leurre sécuritaire continue d’œuvrer, le désengagement de l’Etat est lui bien réel. Et finalement le perdant est le contribuable qui s’acquitte de la même façon de l’impôt destiné aux forces de police et gendarmerie nationale et qui doit s’acquitter d’impôts locaux destinés au développement des polices municipales.

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