Quand Xavier Bertrand méprise la presse : Témoignage des journalistes

bertrand attentats

image tirée du site de la ville

Article du Courrier Picard du 10 janvier 2015

 

La liberté de la presse, qu’est-ce que c’est ? Un des fondements de la démocratie régi par des règles déontologiques et la loi. Elle a été attaquée, mercredi 7 janvier, au siège du journal satirique Charlie Hebdo avec l’assassinat de caricaturistes, journalistes et policiers. Douze morts.

Les réactions ne manquent pas. Au niveau local, c’est le député-maire, Xavier Bertrand, qui réagit le premier avec cette phrase, publiée sur son compte Facebook : « Journalistes, caricaturistes, policiers sont ceux qui incarnent et défendent notre Liberté ; à travers eux, c’est elle qui a été visée. » Une phrase pour le moins surprenante car, depuis deux ans, la garde rapprochée de Bertrand Xavier se plie à un exercice récurrent qui consiste à ne plus répondre aux sollicitations des journalistes du Courrier picard. Dans un autre registre, la gendarmerie nationale. En 2011, lors d’une opération de sécurité routière, le commandant Houdain avait blanchi Pascal Cordier, flashé à 80 km/h au lieu de 50. Un récit qui nous avait valu d’être « blacklistés » jusqu’en août 2013. Et récemment encore, le commandant Boutin a décidé de couper les ponts avec notre rédaction suite à un papier sur la Sainte-Geneviève des gendarmes lui ayant fortement déplu.

Se montrer « choqué » et « bouleversé », mercredi 7 janvier, est légitime. Mais s’offusquer quand la liberté de la presse est bafouée alors que, au niveau local, cette liberté a ses propres limites, a de quoi nous surprendre. Surtout lorsque l’on sait que le maire s’est illustré sur le plateau de Public Sénat en humiliant un de nos collègues parce qu’il avait eu l’outrecuidance de poser une question. La rédaction du Courrier picard s’efforce, chaque jour, de publier des informations, sans haine, ni agressivité. C’est notre liberté de ton et d’expression qui nous le permet, dans les limites fixées par la loi.

Grands reporters, caricaturistes ou localiers, nous faisons tous le même métier dans des formes et à des échelles diverses. Cette semaine encore, après le concert compassionnel sur la liberté de la presse, la réalité insultante a repris le dessus. Un jeune soldat de l’UMP local a taxé notre journal de « torchon socialo-communiste » dans un tweet. C’est son avis. Comme lorsque nous sommes insultés sur les réseaux sociaux par diverses personnalités publiques et politiques locales qui, aujourd’hui, se targuent « d’être Charlie ». C’est leur liberté. La nôtre est fondamentale.

 

Notre position sur la récupération politique des attentats

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