Législative partielle Saint-Quentin: lettre d’E. Dang Tran à Pierre Laurent

Emmanuel DANG TRAN

Membre du Conseil national du PCF

emmanuel.dang-tran@orange.fr

Pierre LAURENT,

Secrétaire national du PCF,

plaurent@pcf.fr

Copie aux membres du Conseil national

Le 27 février 2016

Cher Pierre,

Je m’adresse à toi suite à ta participation à une réunion publique à Saint-Quentin, le 25 février, dans le cadre de la campagne de la législative partielle, et aux comptes-rendus publiés dans la presse locale (Courrier Picard et Aisne Nouvelle, 26 et 27 février). Cette lettre est ouverte pour que les camarades de la section de Saint-Quentin et de la direction départementale de l’Aisne en aient connaissance et aussi parce que cette situation locale et circonstancielle rentre pleinement dans les débats qui préoccupent les camarades de tout le pays.

Il y aura deux candidats, membres du PCF, le 13 mars au premier tour dans la 2ème circonscription de l’Aisne, Corinne Bécourt et Gérard Brunel. Je pense que nous déplorons également, toi et moi, cette situation. Mais c’est un fait. Pour des raisons politiques que nous savons, tu penches pour Gérard autant que moi pour Corinne.

A titre individuel. Mais tu ne peux pas apporter ton soutien, en tant que secrétaire national, à Gérard et laisser qualifier par la presse la candidature de Corinne de « dissidente ».

Aucune des deux candidatures n’est plus légale que l’autre vu que les statuts du PCF n’ont pas été respectés. La fédération de l’Aisne n’a pas procédé à un appel à candidatures, pas informé les adhérents des candidatures connues, n’a rien pu faire valider par le Conseil national etc. Contrairement à ce que la presse reprend, il ne pourra pas y avoir de validation a posteriori du CN : selon les statuts, c’est avant la consultation des communistes qu’elle doit se faire d’abord, et la date de dépôt officiel des candidatures en préfecture est passée depuis longtemps…

Chacune des deux candidatures a sa légitimité. Celle de Corinne s’appuie sur le soutien unanime de la section du PCF de Saint-Quentin, ville qui représente la moitié de la circonscription et des 4/5èmes des adhérents de la circonscription. Celle de Gérard s’appuie sur la décision unilatérale de la majorité du Conseil départemental de l’Aisne.

Les deux candidatures portent une démarche politique différente. Corinne et la section de Saint-Quentin appellent à un rassemblement pour une alternative partant des luttes, évacuant les illusions électorales, face aux successeurs de Xavier Bertrand et au FN. Elles affirment des positions de rupture, notamment avec l’UE du capital, le refus de l’effacement du PCF. Gérard et la direction départementale entendent, pour leur part, prolonger la stratégie des départementales de 2015 qui, dans l’Aisne, s’était matérialisée par une étiquette « Front de gauche » et des binômes avec le PS dans des cantons gagnables. Ils s’engagent maintenant dans la démarche des « primaires » que tu as défendue devant les journalistes picards.

La ligne de Gérard ne peut pas ou plus se prévaloir d’être la ligne officielle du Parti. Après les dernières déconvenues électorales, Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti, a déclaré aux médias que le « Front de gauche était un échec » et que ses partisans « s’étaient plantés ». La plupart des avis exprimés au CN du 15 janvier sont allés dans le même sens.

Quant aux primaires, la décision d’y entraîner le PCF n’a pas été prise par le CN – je peux en témoigner : aucune résolution dans ce sens. Tes déclarations personnelles suscitent une large incompréhension dans le Parti. Je peux le dire sans m’avancer.

Aussi, en rien, la continuation du « Front de gauche » et la préparation de « primaires » ne peuvent être avancées pour justifier la candidature de Gérard Brunel, d’aplomb comme ça, envers et contre tout.

Les actes d’autorité « d’en haut », les décisions et « consultations » à la hussarde, sans donner les éléments aux communistes, laissent des séquelles graves dans le Parti. On vient de le voir avec les régionales, par exemple dans les avances faites par la direction nationale à EELV, à Emmanuelle Cosse ou dans le Sud-Ouest à Gérard Onesta, propagandiste de la « constitution européenne » en 2005 avec Giscard. Les communistes, nos sympathisants, les électeurs en sortent déboussolés.

A Saint-Quentin, le comité de soutien à la candidature de Corinne Bécourt rassemble déjà plus de 400 personnes, dont 50 militants et responsables syndicaux du Saint-Quentinois, des syndicalistes d’Air France, de Goodyear-Amiens, d’Arcelor, de la SNCF …

Aussi, sur la base de tous ces éléments, Pierre, je te demande d’entrer en contact avec Corinne Bécourt – il est fort dommage que le courrier du 26 janvier de la section de Saint-Quentin n’ai même pas eu le droit à un accusé de réception de ton cabinet – et de faire connaître aux communistes, aux électeurs et à la presse que Corinne Bécourt et Olivier Tournay sont candidats légitimes du PCF à la législative partielle de Saint-Quentin.

Je te prie, Pierre, d’agréer mes sentiments les plus fraternels,

Emmanuel

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