Frappes occidentales contre la Syrie : une condamnation communiste sans réserves, communiqué
Communiqué de responsables d’organisations locales et de militants du PCF, 14 avril 2018.
Responsables d’organisations locales et militants du PCF, nous affirmons publiquement, en tant que communistes, notre dénonciation totale de l’agression des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France commise la nuit dernière contre la Syrie.
Ces frappes aériennes sont des actes de guerre contre un Etat souverain. Elles n’ont pas le début du commencement d’une validation en droit international (pas même une résolution issue de tractations entre puissances à l’ONU).
Elles reposent sur des allégations propagées par les agresseurs impérialistes eux-mêmes, leurs médias et des officines politiques ou prétendument « humanitaires » appointées par les impérialistes voire liées aux groupes armées islamistes en Syrie. L’usage d’armes chimiques par l’Etat syrien n’est pas avéré. Il est hautement improbable alors que l’armée syrienne, avec le soutien russe, a quasiment réduit la poche rebelle de la Gouta Orientale et déjà négocié avec les chefs des groupes islamistes leur exfiltration. L’Etat syrien n’a objectivement aucun intérêt à franchir la « ligne rouge » fixée par les impérialistes occidentaux. L’impérialisme bombarde avant même l’arrivée des inspecteurs de l’OIAC.
Par ailleurs, d’Afghanistan en Irak : l’expérience a été faite des « fake news » impérialistes.
L’objectif de l’attaque occidentale apparaît limpidement. Il s’agit de prolonger la déstabilisation de la Syrie et de l’ensemble de la région, malgré le règlement relatif en vue de la question syrienne, après l’intervention russe. Au-delà, nous replaçons la guerre internationale en Syrie dans la très inquiétante montée des tensions mondiales entre un bloc mené par les Etats-Unis (pays de l’UE, Japon …) et un bloc dominé économiquement par la Chine, avec la Russie. Péninsule coréenne, Mer de Chine, Mer Egée, Mer Baltique… : les manœuvres militaires s’intensifient dangereusement de part et d’autre.
La question posée n’est pas, pour nous, de soutenir le régime dictatorial d’El-Assad ou de se ranger derrière la politique de puissance de Poutine. Mais nous appelons l’opinion publique française à agir, en France, contre cet engrenage guerrier susceptible de mener au pire.
A son tour, Macron endosse le rôle de caniche de l’impérialisme US-UE. Sarkozy avait assumé l’alignement total sur celui-ci, après le refus de Chirac-Villepin de participer la guerre en Irak. Il a fait jouer à la France les premiers rôles dans la déstabilisation de la Libye. Ensuite, Hollande et son ministre Fabius n’ont cessé d’appeler à la guerre en Syrie, jusqu’à (pour Fabius) saluer le « bon boulot » du groupe islamiste terroriste Al-Nosra.
L’hypocrisie continue sous Macron : déstabilisation du Moyen-Orient, soutien à certains groupes armés islamistes là-bas, mais discours contre le terrorisme en France. Macron a forcé l’indignation en recevant, en grandes pompes, il y a trois jours le dictateur saoudien Mohammed Ben-Salmane, à la tête d’un des régimes les plus obscurantistes et répressifs de la planète (à comparer, pour relativiser, avec le régime d’El-Assad en Syrie). L’Arabie Saoudite est en train d’assassiner et d’affamer le peuple et notamment les enfants yéménites dans un silence médiatique quasi-total. Pas de « ligne rouge » qui vaille dans les relations et ventes d’armes entre Macron et les dictatures du Golfe !
Nous constatons que Trump poursuit rigoureusement la même stratégie de l’impérialisme américain qu’Obama, Clinton et Bush. Le changement de style et la diabolisation du personnage du président américain ne doivent pas masquer cette continuité. Comme Theresa May, dans le Royaume-Uni du Brexit, Trump garde la même ligne de l’impérialisme américain, malgré les divergences entre un capitalisme plus « national » (défendu par des partis de droite extrême) et la stratégie des grandes multinationales.
En France, nous engageons toute notre énergie pour que l’opinion exprime son rejet de l’impérialisme et de la guerre, sa condamnation de la politique de soumission de Macron. Les travailleurs n’ont aucun intérêt commun avec les partis de droite et extrême-droite représentant des stratégies capitalistes nationalistes ou européennes. Nous notons l’opposition affirmée de Mélenchon aux frappes en Syrie sans oublier comment ce politicien opportuniste a soutenu l’aventure militaire de Sarkozy en Libye en 2011.
Une des motivations principales de notre engagement au PCF est notre adhésion au combat historique et fondamentale de notre parti contre la guerre impérialiste. Nous n’acceptons pas les reniements, depuis 20 ans, de la direction du PCF qui l’ont amenée à tolérer ou soutenir des interventions militaires françaises à l’étranger (Yougoslavie, Libye, Mali…). Il est inconcevable qu’elle n’ait pas exclu d’emblée tout soutien à des frappes en Syrie (Pierre Laurent : « Il faut continuer de ne pas dissocier une éventuelle action militaire de l’effort politique pour stopper la guerre car on ne résoudra pas cette situation uniquement par des actions de ce type » – RTL 11 avril).
Plus que jamais, nous militons et nous appelons à participer à toutes les initiatives pour :
– L’arrêt immédiat des frappes aériennes françaises en Syrie
– L’arrêt des ventes d’armes aux dictatures, notamment celle du Golfe persique
– Un soutien au peuple yéménite martyrisé
– Le retour de tous les soldats français en France et l’arrêt des opérations militaires extérieures
– Le retrait de la France de l’OTAN et des politiques extérieures et de défense de l’UE du capital
– L’abaissement du budget militaire
Pas un sou pour la guerre impérialiste !