Donner le nom de « Jacques Chirac » au Pont de la gare : Pourquoi nous nous y opposons

Conseil municipal de Saint-Quentin du 28/09/2020 – Intervention d’Aurélien Jan

Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux,

 

Je comprends l’émotion suscité par la perte d’un proche ou d’une figure politique qui nous rappelle une époque passée. Nous sommes bien placés pour la ressentir, au Parti communiste, nous avons perdu de nombreux camarades ces dernières années.

Mais l’émotion est rarement bonne conseillère et altère souvent nos jugements, les éloignant de l’objectivité nécessaire à la gestion administrative.

L’image publique sympathique de Jacques Chirac cache un bilan politique aux conséquences sérieuses, prémisses des politiques actuelles.

 

Jacques Chirac est à l’initiative d’une vague de privatisations : la Société générale, Paribas, CGE, Saint-Gobain, Matra, TF1, Havas, etc. Sous prétexte de concurrence et de meilleure gestion privée, ces privatisations conduiront, comme toujours, à une hausse des tarifs et à une baisse de la qualité des services, à la liquidation de secteurs industriels entiers.

La privatisation des autoroutes interviendra quelques années plus tard… les prix explosent, tout comme les bénéfices des sociétés gestionnaires.

 

On retiendra aussi la tentative de contre-réforme des retraites en 1995. Avortée grâce à la mobilisation des travailleurs durant de nombreux mois et aux 2 millions de grévistes.

Puis vient le CPE, une mesure visant à faciliter le licenciement des moins de 25 ans. Là aussi retirée, cette fois après le vote, face à la mobilisation étudiante et lycéenne. Mouvement étudiant qui nous renvoit à celui de 86, violemment réprimé par le gouvernement Chirac.

 

D’autres réformes sont belles et bien passées. Nous en payons le prix aujourd’hui.

La réforme des retraites de 2003.

La réforme de l’assurance maladie qui impose, entre autres, le 1€ forfaitaire non remboursé sur les actes médicaux.

 

C’est aussi sous sa responsabilité que sera engagée la décentralisation et l’autonomie financière des collectivités territoriales. Qui n’est en réalité qu’une aggravation des inégalités territoriales et un désengagement de l’État, que pourtant, Madame le Maire, vous dénoncez lorsque la mesure ne vient pas de votre famille politique.

 

Jacques Chirac, c’est aussi la campagne pour le oui au traité de Maastricht. C’est sous sa gouvernance que nous sont imposés l’Union européenne et l’Euro. La formidable UE, celle qui met en concurrence les travailleurs d’Europe, celle qui éloigne notre peuple des décisions, celle qui impose ses traités de privatisation, celle qui casse les services publics. 

Jacques Chirac subira d’ailleurs un revers sur le sujet en 2005 lorsque les français voteront NON à la constitution européenne. Contrairement à De Gaulle, il ne démissionnera pas après ce désaveu.

 

Homme de paix nous dit on.

Nous pouvons nous retrouver sur le non à la guerre en Irak, même si nos motivations diffèrent.

Mais la guerre en Irak, c’est l’exception qui confirme la règle.

Jacques Chirac, c’est la professionnalisation de l’armée, c’est la participation aux bombardements en Yougoslavie et l’envoi des troupes françaises en Afghanistan, c’est le début des négociations pour le retour de la France dans le commandement de l’OTAN (on fait mieux comme opposition aux États-Unis), retour qui sera achevé par Sarkozy. Le retour de l’armée américaine à La Rochelle pendant l’été 2020 n’a rien de rassurant.

Jacques Chirac, c’est aussi les essais nucléaires dans le Pacifique.

Les faits sont tenaces, le vernis de l’homme de paix en prend un sacré coup.

 

Est-ce là le modèle que nous voulons donner à la jeunesse Saint-Quentinoise ?

Les politiques Sarkozy-Hollande-Macron ne sont que la continuité de celle de Jacques Chirac.

 

Nous vous faisons une autre proposition pour le pont de la gare.

A la vue de la situation internationale et étant donné l’importance de la question de la paix, notion que vous semblez partager, nous vous proposons de baptiser le pont de la gare : « Pont de la Paix ». Si notre intervention ne vous avait pas convaincu et compte tenu de l’importance du pont, d’un point de vue architectural comme géographique, et de sa proximité avec le monument aux morts, nous proposons de laisser le choix aux saint-quentinois par le biais d’une consultation citoyenne sur la question : Pont Jacques Chirac ou Pont de la Paix ?

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