Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Sur la 3e page de cette décision modificative, je note 389.440€ de crédits supplémentaires d’investissement alloués à la culture.
En mai dernier, le bibliobus, notre bibliothèque itinérante, a été recalé aux mines après 28 ans de bons et loyaux services.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le bibliobus, il s’agit, comme son nom l’indique, d’un bus, aménagé en bibliothèque, qui transporte pas moins de 6200 livres. Il fait étape principalement devant les écoles qui l’ont sollicitées et permet aux élèves, mais aussi aux riverains, de venir emprunter des livres. Il ramène la culture dans nos quartiers, y compris pour les personnes en situation de handicap puisque le bibliobus propose des livres audio, des livres en braille ou encore des livres pour les dys. Il ne lui manquait qu’une rampe d’accès. 9 écoles en bénéficiaient, 3 autres étaient en attente, une autre avait un créneau limité, et les écoles à proximité des bibliothèques étaient exclues, faute de temps. C’est un service de proximité qui répond à une réelle demande de la population et dont les moyens n’étaient déjà pas à la hauteur de la demande.
D’après les informations dont je dispose, dans un premier temps, il n’était pas prévu de maintenir ce service, du moins, sous cette forme. La 1ère solution alternative proposée était de mettre en place une camionnette type « kangoo », chargée de porter des caisses de livres dans différents lieux. Une solution qui ne satisfaisait ni les usagers, privés du service, ni l’adjointe au patrimoine chargée du bibliobus, dont la mission était dévoyée. Quelle déception !
A l’annonce de la nouvelle, une mobilisation s’est rapidement mise en place. Le syndicat CGT Éducation et le syndicat CGT des agents municipaux ont lancé une pétition. A ce jour, plus de 700 signatures ont été recueillies, aux abords des écoles, dans le monde enseignant, dans les quartiers. Les signatures et les témoignages de soutien affluent. Nombre de parents se souviennent d’avoir eux-mêmes bénéficié de ce service dans leur jeunesse. Les enfants disent à quel point ils apprécient cette parenthèse culturelle, petite sortie de l’école toutes les deux semaines. Les enseignants nous disent toute l’importance de donner goût à la lecture dans un département où le taux d’illettrisme dépasse officiellement les 17%. Les personnes âgées ou isolées ou tout simplement les amateurs de lecture ne comprennent pas pourquoi ce service leur est retiré.
D’autant plus que la nouvelle a été assez violente. Une enseignante me racontait qu’elle est sortie avec ses élèves ce jour-là pour se rendre au rendez-vous habituel mais que le bus n’est jamais arrivé. Visiblement, l’information sur la suspension du service n’a pas été communiquée. Il est vrai que je n’ai vu passer aucune information à la population dans ce sens. Bon, admettons que la municipalité ait été surprise qu’un bus de 28 ans ne passe plus au contrôle technique. Mais j’ose espérer qu’après tant de temps passé, pour un service si important, son remplacement a été anticipé et budgétisé et donc qu’une partie de ce rapport prévoyait son financement en section investissement. J’espère que nous n’allons pas revivre la situation des tableaux interactifs dans les écoles, pour lesquels on nous a dit que le budget pour remplacer les ampoules n’avait pas été prévu.
En tout état de cause, la mobilisation semble payer puisque la semaine dernière, les services de la ville ont appelé tous les directeurs d’école pour les informer que dès la rentrée de septembre, un service équivalent serait mis en place.
J’avoue que c’est le terme « équivalent » qui m’inquiète un peu. J’ai eu l’occasion d’échanger en fin de semaine dernière avec Madame Labruyère, directrice des affaires culturelles de la ville. Madame Labruyère a confirmé les différents éléments : le non passage aux mines (depuis quelques années, le service croisait les doigts pour que le bus passe le contrôle) et la recherche d’une solution de remplacement qui s’orienterait pour le moment vers un véhicule plus petit, de type bus « France service ».
Donc les inquiétudes ne sont pas vraiment dissipées. Comment faire rentrer le contenu d’un véhicule de 40m3 dans un véhicule de moins de 20m3 ?
Nous ne sommes pas opposés à une solution alternative, à partir du moment où celle-ci n’est pas moins disante par rapport au service existant. Usagers, bibliothécaire, enseignants, élus de proximité, syndicats de salariés, nous sommes nombreux à avoir des solutions pour pérenniser le projet.
Dans cet objectif, Madame le Maire, je vous propose de mettre en place une commission, composée des élus intéressés par la question, d’usagers, d’enseignants, et de représentants syndicaux, afin d’élaborer le projet le plus approprié pour maintenir le service et pourquoi pas l’améliorer et le développer.
Enfin, le budget ne doit pas être un frein dans cette situation. Quand nous dépensons sur ce seul conseil municipal, plus de 30.000€ pour les façades des commerces de la ville ou quand nous votons une rallonge de 50.000€ à la multinationale Duval pour une résidence privée sur le parvis de la basilique, nous devons bien être en capacité de mettre un budget conséquent pour un service aussi important qui durera plus de 20 ans. Il doit exister aussi de nombreuses possibilités de financement extérieur pour ce type de projet. Peut-être que le dispositif « cités éducatives » pourrait y contribuer.
