La grève des cheminots allemands paralyse le trafic, face à une direction prête à tout pour éliminer le syndicat des conducteurs

Pressemitteilung-1413300292Nouvelle grève ce mercredi sur le réseau ferroviaire allemand, nouvelle mobilisation massive à l’appel du syndicat des conducteurs de train qui a paralysé le réseau. La direction de la Deutsche Bahn (DB) veut passer à une autre étape et marginaliser au maximum le syndicat.

Après les grèves massives du 1er septembre et du 7 octobre, cette grève de 14 h du 15 octobre n’a pas montré de signe de faiblissement. Pire, il semble que la direction de la Deutsche Bhn (SNCF allemande) ait cherché le pourrisssement, en participant à la désorganisation du trafic ferroviaire.

Un trafic paralysé sur le rail, avant la grève des pilotes de ligne demain

C’est en tout cas l’impression que cela donne, l’analyse que font nos camarades du syndicat des conducteurs de train GDL. Ce qui est sûr, c’est que le trafic était paralysé dans sa quasi-intégralité ce mercredi en Allemagne.

Deux trains sur trois de longue distance ont été à l’arrêt, avec un mouvement également très suivi au niveau des trains régionaux. Le succès des autobus interurbains – dont les réservations ont augmenté de 20 % – est aussi une preuve indirecte du succès de la grève.

Cette grève se déroule en parallèle à celle des pilotes de ligne de la filiale low-cost de la Lufthansa, GermanWings. La grève de jeudi devrait conduire à l’annulation d’au moins 1 avion sur 5, soit un centaine d’engins partant des aéroports allemands.

La direction de la DB prête à tout pour éliminer le syndicat

Toutefois, l’attitude de la Deutsche Bahn (DB) a redoublé d’agressivité contre les grévistes. Le directeur du personnel, Ulrich Weber, a ainsi déclaré publiquement à la chaîne ZDF « qu’il sympathisait avec les clients », et dénonçait « le toupet, le culot » des cheminots de la GDL.

Elle a aussi participé à la désorganisation du réseau en n’informant pas correctement les usagers des annulations de train, des retards, pourtant prévisibles.

La DB désire par le pourrissement du conflit se débarrasser du gênant syndicat des conducteurs de train (GDL) et pouvoir compter sur le syndicat de collaboration, l’EVG, le Syndicat des chemins de fer affilié à la Confédération générale allemande, la DGB.

En pleine négociation des conventions collectives, la direction de la DB prétexte des mouvements de grève pour justifier la marginalisation de la GDL, et faire de l’EVG le seul partenaire légitime.

Les revendications de la GDL sont considérées comme inacceptables par la direction : limiter la semaine de travail de 39 à 37 h et une augmentation de 5 % des salaires, non seulement pour les 20 000 conducteurs mais aussi pour les 17 000 personnels à bord.

C’est ce qui a transformé le syndicat corporatiste des conducteurs en un syndicat de lutte, désormais fortement implanté dans le personnel roulant. La GDL défend l’idée qu’elle est désormais le syndicat majoritaire dans l’ensemble des salairés de la DB aec ses 34 000 syndiqués.

En 2010, la DB avait préféré signer deux conventions collectives – une plus favorable pour les conducteurs signée avec la GDL, l’autre défavorable pour les autres personnels avec l’EVG – désormais elle préférait une seule convention collective, défavorable, sans la GDL.

Le bras de fer pour défendre le droit de grève continue

Il faut comprendre que la lutte dépasse le seul secteur des chemins de fer. Ce bras de fer est celui pour la défense du droit de grève, de la défense des syndicats de base, les seuls à briser le consensus de la co-gestion, collaboration entre patronats et syndicats, au profit du capital allemand.

Le syndicat des conducteurs de train (GDL), comme celui des pilotes de ligne (VC) sont des épines dans le pied du capital allemand.

Une enquête de l’Institut d’études pro-patronal IW, menée par Hagen Lesch, sur 123 conflits du travail avait montré que les syndicats dits catégoriels (aussi de « lutte », de « base » dans le contexte allemand) allaient plus souvent au conflit que les autres.

C’est pourquoi le gouvernement, poussé par le patronat mais aussi par la confédération syndicale DGB, avance un projet de restriction du droit de grève, au nom de la représentativité syndicale, ou « tariffeinheit » (unicité de négociation syndicale).

Avec le « tariffeinheit », un seul syndicat représentatif pourrait mener les négociations dans une entreprise, une branche. Un seul syndicat dans les négociations, un seul donc légitime à les rompre et à entrer en grève. Les autres syndicats seraient réduits à l’impuissance, donc à la disparition.

Le tariffeinheit avait été instauré en 1950 dans la RFA capitaliste (où le Parti communiste était interdit, comme les grèves dans le secteur public, ce qui est toujours le cas!) pour façonner un panorama syndical docile, de co-gestion, derrière la DGB réformiste.

Le but est bien entendu toujours de faire triompher les syndicats de co-gestion liés à la DGB sur les syndicats de métier mais aussi de lutte comme la GDL, ou VC.

Cette offensive patronale menée depuis 2010 trouveune suite dans le projet de loi de la ministre du travail social-démocrate (SPD), Andrea Nahles, qui prévoit d’ancrer ce principe de l’ « unicité de négociation »limitant la capacité d’action, de négociation et de mobilisation des syndicats de base.

Qu’attend la CES (Confédération européenne des syndicats) prompte à monter au front pour défendre le syndicat de Hong-Kong ? Qu’attend-elle pour défendre le droit de grève en Europe, créer la convergence des luttes entre cheminots allemands, belges, français ou suédois ? Le hic, c’est que la CES défend le syndicat jaune EVG, et non celui de lutte GDL. Fâcheux.

La lutte de nos camarades allemands ne peut que susciter notre solidarité qui passe par l’organisation de la mobilisation ici en France contre les suites de la « réforme ferroviaire », d’abord les conditions de sa mise en application.

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

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