Congrès du PCF : face à la tentative d’élimination du Conseil national du point de vue porté par le texte alternatif « Reconstruire le parti de classe – priorité au rassemblement dans les luttes », nous appelons à faire respecter la démocratie dans le Parti et interpellons Fabien Roussel.
Communiqué, 22 novembre 2018
Hier soir, la direction du PCF nous a communiqué le résultat des 10 heures (!) de réunion du 20/11 de la Commission nationale des candidatures pour le 38ème congrès. Alors que les disputes pour les postes de dirigeants s’éternisaient, les candidatures pour le futur Conseil national des initiateurs de notre texte de congrès, sortant ou non, ont toutes été écartées pour l’instant.
Nous rappelons qu’au vote des 4, 5 et 6 octobre, cette motion a obtenu 2508 voix, soit 8,26% et que le prochain CN devrait compter autour de 140 membres. Nous rappelons que le « respect de la diversité » est inscrit dans les statuts du Parti. Nous faisons aussi remarquer que le vote d’octobre constitue la justification principale de la candidature et de la désignation de Fabien Roussel pour remplacer Pierre Laurent.
Si elle se confirme, la volonté d’éviction de la « diversité » que nous portons serait un véritable aveu de faiblesse des groupes dirigeants du PCF, incapables de supporter la contradiction de ceux qui, seuls parmi les textes du 38ème congrès, ont condamné constamment le processus de mutation-effacement du Parti depuis les années Hue ; de ceux qui, par exemple aussi, portent les positions historiques du Parti de rejet de l’UE du capital. Elle serait la promesse d’un nouvel affaiblissement, d’une nouvelle rétractation du Parti dans la poursuite de la stratégie mortifère dont les résultats électoraux désastreux de 2017 ont sanctionné une nouvelle étape.
La dernière vague des congrès départementaux s’est déroulée jusqu’au 18 novembre. Tout confirme que ce 38ème congrès n’a « d’extraordinaire » que le nom, hormis le niveau inédit de rivalités dans la lutte des places parmi les composantes de la direction exécutive sortante.
Un cran a encore été franchi dans le verrouillage du congrès par les directions en place. Le filtrage politique des délégations au congrès national dépasse celui des congrès précédents. A critères égaux (sexe, âge, militantisme etc.), il ne restera qu’une poignée de délégués au congrès national parmi les camarades qui ont opté pour notre texte.
Tout a été organisé pour esquiver les débats fondamentaux, déposséder les communistes des décisions principales.
Nous rappelons que les propositions de « base commune de discussion », soumises au vote d’octobre, dont notre texte n’ont pas été envoyées, pour la première fois, individuellement aux adhérents. Les sections n’auront eu qu’entre une et trois semaines pour discuter de la base commune adoptée… Le texte final est en train d’être réécrit, cette semaine, loin des sections et même des congrès départementaux. Il sera la fusion des deux textes, très proches sur le fond, qu’ont portés notamment F. Roussel et P. Laurent.
Dépossédés du congrès « extraordinaire », des camarades peuvent légitimement se sentir floués par les groupes dirigeants sortants. Ceux qui ont misé sur le texte alternatif « Manifeste-Chassaigne » pour engager un début de changement ont découvert, juste après le vote, qu’il s’agissait d’un faire-valoir pour des ambitions de direction. Les quelques formulations ambigües, qui semblaient ouvrir la discussion, notamment sur le bilan, ont été promptement effacées.
Des débats de diversion ont été privilégiés. C’est le cas de celui sur une candidature communiste aux présidentielles de 2022 : débat fallacieux puisqu’il y aura un autre congrès, statutairement au plus tard en 2021.
En revanche, les questions essentielles et imminentes ont été esquivées.
C’est le cas d’initiatives de lutte importante que nous proposons, notamment : une campagne contre la CSG et pour la suppression de toutes les exonérations de cotisations sociales patronales (quand la direction prône la « modulation » des aides au patronat) ; une campagne pour la baisse unilatérale et dès le budget 2019 des dépenses militaires de la France (sans se contenter de soutenir des appels mondiaux au désarmement multilatéral) ; une campagne pour la nationalisation d’Alstom Electrique et ferroviaire (et non l’illusion de changer en « coopération européenne » l’OPA de Siemens) ; une campagne pour les services publics partant des enseignements de la lutte des cheminots et de notre pétition pour le maintien du monopole public SNCF et le refus de l’application des directives européennes(quand la direction a avancé « la réorientation de la politique de Quantitative Easing de la BCE pour créer un fonds européen susceptible de reprendre une partie de la dette de la SNCF » sic !).
L’entourloupe majeure dans ce congrès aura été le court-circuitage du débat sur les élections européennes, et ainsi, sur les orientations réformistes du Parti de la gauche européenne et sur la recomposition politique en France avec des pans de la social-démocratie.
La désignation, prématurée, de Ian Brossat comme « chef de file » des candidats aux européennes, en dehors du Congrès et malgré les statuts du Parti, a cherché à rassurer faussement les communistes, alors que l’alignement sur une liste de « gauche » est déjà annoncé. Réduire l’identité communiste à l’électoralisme et à une tête d’affiche, 9 mois avant l’élection (septembre 2018 pour mai 2019), c’est rentrer dans la politique politicienne la plus récusée par les travailleurs. La candidature Brossat permet, sans débat, de maintenir le Parti dans l’acceptation de l’intégration dans l’UE supranationale du capital et ses institutions, fussent-elles à, illusoirement, « refonder », ou plutôt à « réorienter » (comme la BCE). On reste aligné sur les exemples du PGE : Alexis Tsipras et sa politique de purge sociale en Grèce pour le compte de l’UE et de l’OTAN, ou l’actuel président Gregor Gysi qui appelle de ses vœux une candidature PGE à la présidence de la Commission européenne.
Au plan français, la candidature Brossat permet de faire passer l’intégration du Parti dans les projets de recomposition de la gauche réformiste, avec le rocardien ultra-pro-UE Benoît Hamon, actuellement comme partenaire privilégié, lequel sympathise avec Raphaël Glucksmann. Les très mauvais sondages font présager, pour janvier ou février, un nouveau regroupement de tous avec la FI de Jean-Luc Mélenchon, alors que notre critique du bilan désastreux du Front de gauche pour le PCF est désormais largement partagée. Cela pourrait se faire sous la menace sondagière d’un solo funèbre d’une liste PCF qui, avec Brossat, tourne le dos aux positions historiques du Parti sur l’UE.
Est-ce pour éviter que ces questions n’émergent trop que les groupes dirigeants s’efforcent d’écarter et de marginaliser les communistes qui ont initié la motion « Reconstruire le Parti de classe – Priorité au rassemblement dans les luttes » ; ceux qui, à 2 ans du centenaire du PCF, considèrent que les décisions du Congrès de Tours, l’organisation communiste historique marxiste et léniniste en France, ne sont pas une pièce de musée mais le ferment toujours actuel pour la lutte des classes contre le capitalisme, pour la révolution socialiste ?
Les manœuvres, mesquines et lamentables, dévoilent la faiblesse politique de ceux qui tournent le dos à la raison d’être du PCF. A cette étape, comme auparavant et comme par la suite, nous ne nous laissons pas faire.
Nous appelons les communistes, quel que soit le texte pour lequel ils ont opté, à intervenir pour le respect de la démocratie dans le PCF.
1- Concrètement, nous rendons publique une liste complète de candidatures au prochain CN, correspondant aux critères prévus par les statuts (géographie, sexe, profession, militantisme etc.) et porteur de notre « diversité politique ». Pour l’instant, seuls quelques camarades ont présenté leur candidature, par les « voies normales », dans les congrès de section. Devant l’obstruction, nous faisons l’acte politique public d’afficher la détermination de camarades de tout le pays à faire vivre et renforcer le PCF sur des bases de classe. Nous ne sommes pas dans une logique de représentation proportionnelle des motions mais 8,26% de 140, ça ne peut pas faire zéro !
2- Nous appelons les adhérents du PCF, quel qu’a été leur vote (ou leur non-vote) en octobre, à interpeller leurs dirigeants départementaux sur la situation (en nous tenant au courant des réponses ou non-réponses à l’adresse cahierscommunistes@orange.fr ).
3- Nous les appelons à signer sur internet (site vivelepcf) et à envoyer à son adresse mail politique cette interpellation à Fabien Roussel : « Cher camarade Fabien Roussel, Tu vas être élu secrétaire national du PCF à la suite de Pierre Laurent. Ta candidature et cette désignation sont principalement le résultat de la victoire de la motion que tu as défendue au vote interne des 4, 5 et 6 octobre « Pour un Manifeste du 21ème siècle ». Nous demandons que tu prennes position pour que la commission des candidatures du 38ème congrès intègre, conformément au respect de la diversité des options politiques dans le Parti prévue par les statuts, les initiateurs de la motion « Reconstruire le Parti de classe – Priorité au rassemblement dans les luttes », qui sont pour l’instant écartés, malgré les 2508 voix et les 8,26% obtenus. Il en va de ne pas accroître les divisions pour l’avenir du Parti. Fraternellement, ». A renvoyer à contact@rousselfabien.com (Permanence 3 quai de l’écluse, 59230 SAINT-AMAND-LES-EAUX). Nous transmettre copie à cahierscommunistes@orange.fr . LIEN POUR SIGNER EN LIGNE
4- Nous rendons public et transférons à la presse (souvent mieux informée que nous !) ce communiqué.
Pour les initiateurs de la motion « PCF : Reconstruire le Parti de classe – Priorité au rassemblement dans les luttes »,
Emmanuel DANG TRAN, emmanuel.dang-tran@orange.fr
Dominique NEGRI, d.negri@wanadoo.fr
Corinne BECOURT, corinnebecourt@hotmail.fr