Tentative de prohibition de la vente d’alcool dans l’Aisne: la surenchère sécuritaire du préfet du département ne peut qu’aggraver les désordres.
Communiqué de la section du PCF de Saint-Quentin, 24 mars 2020
Dans un arrêté du mardi 24 mars, le préfet de l’Aisne, M. Ziad Khoury, interdit toute vente d’alcool à emporter sous prétexte que « la consommation excessive d’alcool est de nature à créer des risques accrus de troubles et de violences, notamment intra-familiales… » avant de le retirer en fin de journée.
Nous contestons radicalement cette décision. Pour nous, elle est contre-productive sinon dangereuse. Elle relève de la surenchère autoritariste. Elle n’a pas de lien direct avec la mobilisation contre l’épidémie. Elle est, au contraire, de nature à aggraver les conséquences négatives du confinement.
Le confinement général – hors de celui des malades et des personnes à risques – se comprend comme une mesure exceptionnelle, provisoire, visant à retarder le pic de l’épidémie pour mieux s’y préparer. Nous reviendrons ailleurs sur les lourdes responsabilités du gouvernement et des gouvernements précédents sur l’impréparation du pays.
Le confinement général est tout sauf une mesure anodine (outre la paralysie économique du pays). L’isolement peut notamment retarder le recours à des soins vitaux pour d’autres maladies ou en cas d’accidents domestiques. Dans le climat de peur généralisée, malgré l’engagement solidaire et fraternel de beaucoup, dont les communistes de Saint-Quentin font une priorité de leur action, le confinement est de nature à attiser des tensions sociales, familiales.
L’alcoolisme est un fait et un fléau. Mais ce n’est vraiment pas le moment propice pour l’affronter et certainement pas de cette façon brutale. Un sevrage, par exemple, doit s’effectuer sous contrôle médical. Une prohibition de l’alcool ne manquera pas d’augmenter les comportements agressifs, les cas de dépression, de suicides. De multiples études existent sur le sujet. Quant à la consommation modérée de vin, de bière, de cidre etc., elle est aussi une composante de la vie sociale et culturelle de la population et de notre patrimoine, appréciable dans cette pénible période de confinement.
Nous comprenons bien les difficultés rencontrées par les agents de la force publique dans l’application des mesures de confinement. La prohibition ne manquera pas d’aggraver les tensions, les trafics et d’ajouter au désordre public.
Sur ces considérations, la mesure de M. le Préfet nous apparaît comme une faute, un acte autoritaire, dénué de fondement établi, répondant à une tentation de certains pouvoirs intermédiaires, d’en rajouter à la surenchère sécuritaire et liberticide prétextée par l’épidémie.
Le confinement, le climat de peur peuvent conduire à perdre certaines notions de la réalité. Nous appelons la population à garder un œil critique et rationnel sur les décisions avancées et/ou mises en place.
Après des mois d’impréparation, d’incurie politique, des années de casse de notre système de santé, les décisions autoritaires injustifiées, les dérives ne sont pas acceptables.
Et il en va de notre santé tout comme de nos libertés.