Brève, vivelepcf, 20 août 2014
Dans sa longue interview au journal Le Monde daté du 20 août, François Hollande enfonce le clou. Les derniers chiffres de l’économie nationale sont encore plus mauvais en termes de croissance, de production industrielle ou d’emploi. Qu’importe ! C’est la faute aux tensions dans d’autres régions du monde. C’est parce que sa politique n’a pas encore porté ses fruits. L’exercice de langue de bois est usé à la corde. Qu’importe encore ! Il n’est pas difficile de comprendre que les vrais objectifs de la politique du gouvernement sont ailleurs : la casse des acquis sociaux et démocratiques, la pression sur les salaires, le soutien au profit capitaliste. Hollande défend donc sans réserves son « pacte de responsabilité », les 41 milliards d’euros de cadeaux par an au patronat, les 50 milliards de coupe dans les budgets publics et sociaux.
Hollande n’a aucun état d’âme sur sa réforme territoriale : la constitution des euro-régions est engagée, la disparition des départements aussi d’ici 5 ans, le temps d’une réflexion sur « l’avenir des départements ruraux ». Hollande l’affirme : il « soutient le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et ses projets » et lui fournit un brillant second avec Moscovici. Il en va de même sur tous les sujets mais Hollande charge encore la barque. Il annonce de nouvelles aides aux promoteurs immobiliers, de nouveaux coups de canif au code de l’urbanisme. Il annonce une extension du travail du dimanche. Il annonce la fusion de la « prime pour l’emploi » et du RSA et une augmentation du coût du nouveau dispositif. Il s’agit, à nouveau, au nom du pouvoir d’achat des salariés les plus pauvres, de faire payer une part croissante des revenus du travail par des crédits d’impôt au lieu des salaires, par les salariés eux-mêmes à la place des patrons, ces derniers bénéficiant d’une main d’œuvre subventionnée à bas prix. Il annonce encore la remise en cause des « seuils sociaux » à partir desquels les salariés sont légalement représentés dans les entreprises. Le Medef ne va bientôt plus savoir quoi demander pour Noël ! En politique extérieure, Hollande poursuit sur le même ton : aucune autocritique sur son soutien à Israël, soutien réaffirmé au régime fasciste de Kiev, défense et illustration des opérations militaires au Mali et Centrafrique. Hollande réaffirme sa garantie apportée à la sanctuarisation du budget militaire. Il anticipe des contestations possibles de sa politique en poussant encore plus loin la logique de la guerre impérialiste.
En Libye, la France et ses alliés auraient dû intervenir plus longtemps. En Syrie, il aurait fallu intervenir plus tôt pour renverser le gouvernement du pays. Hollande reconnaît et c’est une première des livraisons d’armes aux rebelles syriens, soi-disant à « l’Armée syrienne libre ». Pourtant, ce sont les islamistes qui ont pris le dessus et disposent des armes occidentales… Décidément, le président mou est très agressif sur tous les terrains de retour de vacances. La vraie question qu’il faut se poser, c’est comment Hollande et son gouvernement peuvent se permettre une telle politique rejetée par 80% de la population. Une bonne part de la réponse est donnée par les premières réactions politiques à son interview.
La droite conteste la forme : « Trop d’effets d’annonce tuent les annonces » mais se garde de critiquer le fond, tant elle le partage. De quoi veut-on parler à l’UMP ? De la primaire pour 2017, avec maintenant Juppé déclaré candidat, après Fillon et X. Bertrand, avant Sarkozy ! Dans la « gauche » qui se dit critique, les « frondeurs », le clan Aubry ou certains clubs, on veut toujours amender le « pacte de responsabilité », on est prêt à creuser les déficits publics. On se réfère au programme de Hollande en 2012 (comme s’il n’annonçait pas la politique qu’il mène aujourd’hui sous l’égide de l’UE !). On les entendra beaucoup à « l’université d’été » du PS à La Rochelle. Quel objectif pour l’aile « gauche » du PS ? Jouer une opposition de connivence à Hollande, canaliser à gauche tout en servant de force d’appoint au gouvernement Valls et de relève possible. Quelle perspective ? Mme Lienemann l’a dit ce jour sur BFM : préparer de vraies primaires d’ici les présidentielles de 2017 ! Et bien sûr le repoussoir attrape-tout du FN joue son rôle, notamment sur l’Europe. Hollande y a fait à nouveau référence.
A coup de sondages, on fait monter la tension, on rive le débat politique vers une éventuelle présence de Marine Le Pen au 2ème tour des présidentielles de 2017 ! On se croirait aux Etats-Unis : un seul sujet politique, les élections présidentielles, même à 3 ans de l’échéance. Ce spectacle politique lamentable ne peut que nourrir le repli sur soi et la résignation à la politique poursuivie par Hollande.
Et sur le plan social ?
Pour Hollande, tout continue comme avant, dans le cadre d’un dialogue social « modernisé ». Il compte faire passer la révision des seuils sociaux par un accord entre « partenaires sociaux »comme l’an dernier l’ANI, l’accord de flexibilisation du licenciement. Là, il prend peut-être ses rêves pour des réalités. Il ne se trouve plus guère, on l’a vu à la conférence sociale de juillet, que les syndicats les plus marqués dans la collaboration de classe pour jour le jeu, en premier lieu la CFDT et encore, moins aisément qu’auparavant. Les luttes sociales, la grève des cheminots ont commencé à ramener certaines fédérations syndicales CGT sur des positions de riposte offensive, à éloigner la confédération de la ligne de négociation et de compromis. Les luttes ont commencé à changer la donne sociale et ce faisant également la donne politique. Hollande et Valls sont mandatés pour les écraser dans l’œuf. L’avalanche de mauvais coups, la violence de leur politique antisociale, la répression antisyndicale, le cas échéant la violence policière tout court seront leurs moyens.
Communistes, nous ferons tout pour qu’au moins un parti, le nôtre, sorte de l’impasse politicienne organisée par le système, se mette au service du développement des luttes, de leur convergence, de leur montée en conscience pour commencer à mettre en échec la politique du capital et ouvrir une alternative politique.