Plus que jamais, la montée des luttes porte la perspective de rupture politique.
Moins que jamais, leur convergence doit être détournée vers des illusions électorales.
Les travailleurs, les jeunes, les retraités subissent une offensive encore aggravée contre leurs acquis sociaux, leurs conditions de vie élémentaires. La tragédie subie par le peuple grec donne la perspective. Le transfert sans précédent, le « pacte de responsabilité » – 42 milliards d’euros – du travail vers le profit capitaliste ne serait qu’un prélude. De quoi Macron est-il le nom ? Inspirateur de Hollande depuis 2012, ce suppôt du patronat est maintenant en place pour préparer l’opinion au pire quel que soit le résultat de 2017.
Ouvriers, paysans, fonctionnaires : les luttes ne cessent pas contre cette casse sociale, contre la casse de l’appareil productif répondant aux besoins du peuple. La grande manifestation à l’initiative de la CGT le 9 avril a montré le potentiel de combativité de cette avant-garde de la classe ouvrière. A l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, une lutte inédite dans sa capacité de rassemblement met le DG M. Hirsch, ancien ministre de Sarkozy, nommé par Hollande, en échec dans son rôle de relais de la casse de l’assurance maladie. A la SNCF, suite au mouvement contre la « réforme ferroviaire » de 2014, à La Poste, partout en France, la mobilisation pour les services publics rencontre le soutien du pays.
Ces luttes, les attentes de la colère populaire se heurtent à une impasse en termes de perspective politique. L’idéologie dominante sait couper la vie et la politique. L’hypocrisie est reine. L’émotion après les attentats de Charlie-Hebdo est honteusement détournée en soutien aux impérialistes criminels. Au nom du réchauffement climatique, on explique aux pauvres comment se passer de l’essentiel. Une atroce photo de gosse mort sur une plage est instrumentalisée pour faire oublier le cynisme des fauteurs de guerre impérialistes et des importateurs de main-d’œuvre. Solidarité de classe avec les migrants !
Tout cela ne réussit pas à faire passer l’Union européenne du capital pour une agence de bienfaisance. Heureusement ! Au contraire, la responsabilité de cette coalition des capitalismes européens, alliés toujours, rivaux parfois, apparaît pleinement dans le massacre « exemplaire » du peuple grec, censé mater les velléités de résistance des peuples. Le rejet des politiques nationales au service du capital, coordonnées par l’UE, avec son instrument de domination, l’euro, grandit.
Mais cette opposition de classe, venant des plus exploités, ne rencontre pas automatiquement des positions de lutte de classe. A défaut, d’un côté, les partisans de la fiction réformiste – plombée par l’expérience – d’une « Europe sociale » et « démocratisée » se répandent. Le congrès à Paris le 30 septembre 2015 de la Confédération européenne des syndicats a été inauguré par Hollande et Juncker ! De l’autre, en complément, des nationalistes sont les défenseurs nostalgiques d’un capitalisme plus national. Pour nous, communistes, la rupture avec l’UE du capital ne peut, ne doit, passer que par des luttes de classe.
Face à la gravité de cette situation, à l’impérieuse nécessité d’organiser les luttes, face à l’ex-UMP/PS, complétée par le repoussoir FN, certains imaginent tenir en France une « gauche de la gauche » à la façon de Tsipras/Syriza ou d’Iglésias/Podemos. Quelle inspiration ! Tsipras, allié à un parti d’extrême-droite, a réussi à faire passer le pire plan antisocial du continent, à désamorcer l’opposition à l’UE du capital. Parmi ses disciples proclamés en France, Mélenchon ne fera pas oublier son désistement inconditionnel sur Hollande en 2012. Ses déclarations germanophobes le disqualifient. Montebourg se voudrait en Varoufakis à la française : les deux ont déjà le même conseiller politique, Matthieu Pigasse, directeur de la banque Lazard. Côté « vertes », Duflot et Cosse lorgnent, après Tsipras, sur Cohn-Bendit pour 2017.
Pour nous communistes, il n’est pas question d’accepter que notre parti s’engage sur ces voies de recomposition politique et ces disputes de personne pour 2017. Le mouvement populaire en France se moque bien de qui veut jouer les Tsipras aux élections présidentielles de 2017…
Les élections régionales de décembre pourraient et devraient permettre de relayer le mouvement social. Cela ne se fera pas en continuant à apporter une caution aux exécutifs socio-libéraux qui relaient – globalement – la politique du gouvernement. Cela ne se fera pas en s’alliant avec des opportunistes verts ou roses au 1er tour, artisans, entre autres, des contre-réformes ferroviaire et territoriale. Tout cela dans l’idée d’une candidature stérilisante en 2017…
Communistes, nous proposons à l’ensemble du PCF de se remettre dans les voies de la lutte des classes avec des propositions immédiates, s’inspirant de la résistance et des positions de nos camarades grecs du KKE ou portugais du PCP qui restent communistes et résistent.
Aux démagogues qui disent « Prenez le pouvoir : votez pour moi », nous répondons : « Organisez votre colère » avec et dans le Parti communiste français.