Ce samedi 15 octobre, la CNL de Saint Quentin avait donné rendez-vous à tous ceux qui souhaitent se mobiliser contre les expulsions. Cette initiative faisait suite à une nouvelle expulsion, la semaine précédente, quartier Europe. Cette dernière avait laissé à la rue une mère avec ses trois enfants pour une simple dette de 2100€, correspondant essentiellement à des rappels de charges.
La Section du PCF de Saint Quentin a bien sûr apporté son soutien à ce rassemblement, dans la continuité de sa lutte contre une des plus grandes injustices actuelles : l’expulsion locative. La CGT était représentée. Des travailleurs sociaux du quartier étaient sur place. Le Président départemental de la CNL, Laurent Lagrange avait fait le déplacement.
De nombreux habitants du quartier ont répondu à l’appel. Tous se sentaient touchés par la situation et rappelaient les difficultés à boucler les fins de mois, à payer des charges en constante augmentation… dans une ville où le chômage est au plus haut. Le sentiment d’injustice devant un tel acte pousse les habitants à s’organiser pour ne plus subir, ne plus se laisser faire, réagir et construire la solidarité pour trouver des solutions.
Relogée provisoirement au CCAS, une solution durable doit être trouvée dans les meilleurs délais pour cette famille. En l’absence de celle-ci, l’assemblée présente samedi a décidé d’actions fortes : expulser le Président d’Habitat Saint Quentinois de ses bureaux le 27 octobre, jour du Conseil d’administration ; et l’ouverture de force d’un logement social vide pour y reloger la famille.
Nous reproduisons ci-dessous, la lettre de la CNL aux administrateurs d’Habitat Saint Quentinois ainsi que les articles de l’Aisne Nouvelle et du Courrier Picard correspondant.
Courrier de la CNL
CONFÉDÉRATION NATIONALE DU LOGEMENT
2, rue Gay Lussac- 02100 Saint-Quentin-Tél :06 26 09 26 48-cnlsaintquentin@gmail.com
Saint Quentin, le 12 octobre 2016
Aux administrateurs d’Habitat Saint-Quentinois
Copie
Au directeur d’Habitat Saint-Quentinois
Au Maire de Saint-Quentin et aux élus
Au Sous-Préfet de Saint-Quentin
Au Président du Conseil Général
Aux Locataires et militants de la CNL
À la presse
Mesdames, Messieurs les administrateurs,
En votre nom une expulsion a eu lieu la semaine dernière au quartier Europe, sans aucune proposition de relogement, discrètement juste avant la trêve hivernale.
LA FAMILLE, LES 3 ENFANTS À LA RUE, le mobilier déposé dans le bas de l’immeuble sera détérioré, ni récupérable, ni utilisable, hormis les vêtements.
La locataire, victime de violences au quotidien se retrouve à la rue avec une petite de 3 ans, une fille de 10 ans en situation d’handicap suivie en IME et un garçon de 14 ans obligé de vivre à droite à gauche pour pouvoir continuer sa scolarité.
Comment mettre une famille de 3 enfants à la rue pour 2.400€ alors que l’APL n’était pas coupée, prouvant ainsi qu’il n’y avait manifestement pas de « mauvaise foi » comme vous le dites si souvent!
« Mauvaise foi » c’est facile à dire, quand on bénéficie d’un très bon salaire, de très bonnes ressources ou quand on est propriétaire. La majorité des Saint-Quentinois particulièrement dans le logement social n’ont pas cette chance, pour eux c’est le smic, le chômage, les faibles retraites, les minimas sociaux… la galère !
Comment commettre cet acte d’un autre siècle, d’un autre monde, alors que la maman malgré ses faibles ressources a effectué les paiements même s’ils n’étaient pas complètement réguliers ?
Notre conseil d’administration avait acté que les protocoles d’accords pour les familles à faibles ressources seraient sur la base du loyer résiduel plus 30€. Comment se fait-il, encore une fois, que le protocole soit à 70€, donc pas tenable sur la longueur dans cette situation ?
Les conséquences pour Habitat Saint-Quentinois, des pertes financières, bien sûr bien moins élevées que les 1 million d’euros de pertes sur les friches, mais 2.400€ de dettes de loyer qu’il ne récupérera pas, les frais de procédures, les frais d’huissier, la vacance d’un logement. Oui, l’expulsion n’est pas rentable et coûte de l’argent !!!
Comment cet acte odieux a-t-il pu être commis au nom de la « commission sociale » alors que celle-ci ne statue pas et que seul son président décide.
Cette situation, ce drame, résume dans les faits les pratiques honteuses de notre organisme dit de « logement social ». La chasse aux pauvres, aux petits retraités, aux familles en difficultés ne peut plus continuer !!!
Dès aujourd’hui, la CNL appelle la population à se mobiliser
SAMEDI 15 OCTOBRE À 17H au local de la CNL, 2 rue Gay Lussac au quartier Europe:
– Pour organiser la solidarité et exiger le relogement immédiat de cette famille par Habitat Saint-Quentinois (leur logement rue Laplace est vide).
– Pour organiser la solidarité et la récupération du mobilier nécessaire à la famille, lit, gaz, frigo etc…
– Dès aujourd’hui, la CNL, ses militants, interpellent les administrateurs d’Habitat Saint-Quentinois, ces pratiques n’ont que trop duré, décidons en Conseil d’administration la fin des expulsions pour Habitat Saint-Quentinois.
– Dès aujourd’hui, demandons aussi à Madame le Maire, un arrêté anti-expulsions à Saint-Quentin, ville où la misère, la précarité et la pauvreté explosent.
Corinne BÉCOURT et Jean Luc TOURNAY
Administrateurs CNL à habitat Saint-Quentinois
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Saint-Quentin : la famille expulsée relogée provisoirement par le CCAS
L’Aisne Nouvelle
La famille du quartier Europe expulsée la semaine passée a rendez-vous ce lundi avec le centre communal d’action sociale pour un logement provisoire.
L’appel avait été lancé ; quelques habitants y auront répondu. Samedi, ils étaient une quarantaine, entre militants associatifs, famille, amis et inconnus, réunis devant le siège de la Confédération nationale du logement (CNL), au quartier Europe. Corinne Bécourt, membre de la CNL, avait souhaité ce rassemblement pour évoquer le cas de Mélanie, 35 ans. Une femme expulsée de son logement il y a une quinzaine de jours avec ses trois enfants – âgés de 19 mois, 11 et 14 ans. Depuis, ils sont logés chez des proches. L’aîné allant au collège, il est hébergé la semaine chez sa marraine pour pouvoir se rendre à son établissement.
Ce lundi, un rendez-vous est prévu avec le centre communal d’action sociale (CCAS) pour une solution « provisoire ». Mais Corinne Bécourt espère rapidement qu’un nouveau logement sera proposé par Habitat saint-quentinois, le bailleur. « Si au 27 octobre [date du conseil d’administration, ndlr.] il n’y a rien, on y va et on expulse le directeur ! »
Car pour la bénévole de la CNL, la dette de 2 400 euros ne suffit pas à justifier l’expulsion, laquelle en elle-même est coûteuse. Une dette qui court toutefois depuis quelques années et avait conduit à un jugement en 2011. Un protocole d’accord avait alors été décidé, la locataire devant s’acquitter chaque mois d’une certaine somme pour rembourser. Sauf qu’elle l’a « manqué deux fois ». Conduisant à la venue d’un huissier.
« On n’a jamais vu ça !, témoigne un couple de personnes âgées, qui habite juste en face.Ils ont tout mis dans des sacs plastiques. […] Ils ont même pris les couches. » Dans le quartier, ce cas n’étonne guère. Témoignages et réactions fusent de l’assemblée. À l’image de cet homme qui attend le versement de l’Aide personnalisée au logement (APL), en retard, et donc ne peut payer son loyer. « On est tous égaux, on est tous dans le même cas», lâche une autre.
Si le dossier de Mélanie n’est pas passé par la commission sociale d’Habitat saint-quentinois, d’autres défilent. « On s’aperçoit que ce sont des Smicards, des petites retraites, des intérimaires… Ça touche tout le monde. » C’est aussi pour prévenir ces situations que la CNL avait organisé une réunion, en rappelant ses permanences. Mais, samedi, les bénévoles ont également lancé un « comité d’action anti-expulsion, avec un relais téléphonique ». Qui doit permettre ainsi une chaîne de solidarité et empêcher tout nouveau cas d’ici la trêve hivernale, qui reprend au 1er novembre.
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SAINT-QUENTIN Tous mobilisés contre l’expulsion
Courrier Picard
Suite à l’expulsion d’une maman et de ses trois enfants en début de semaine (Courrier picard du vendredi 14 octobre), la confédération nationale du logement (CNL) de Saint-Quentin a cherché à mobiliser la population en lui donnant rendez-vous devant le local de la CNL, dans le quartier Europe, samedi 15 octobre. Au total, plus de 60 personnes ont répondu à l’appel lancé par Corinne Bécourt et Jean-Luc Tournay, administrateurs de la CNL.
Mélanie, la maman expulsée pour 2 137 € de dette, était présente avec ses enfants. Une grande partie des personnes présentes venait du quartier. Pour quelques-unes, c’était l’occasion de découvrir ce qu’est la CNL, Corinne Bécourt explique : « En quelque sorte, c’est le syndicat de défense des locataires. »
« Le nouveau directeur d’Habitat saint-quentinois a décidé de faire un exemple »
Olivier Tournay, élu PC
En retrait, Olivier Tournay, l’élu municipal d’opposition, était présent : « C’est un véritable coup de force d’Habitat saint-quentinois. Son nouveau directeur, avec l’aval de l’exécutif, a décidé de faire un exemple, sans jamais se soucier de la détresse sociale qui en découle. Il y a urgence dans notre ville si gravement frappée par le chômage, la précarité et la misère. C’est un arrêté anti-expulsion que Madame Macarez doit prendre en urgence. Avec les familles, les locataires, je me mobiliserai pour combattre cette injustice. »
La famille expulsée en début de semaine a obtenu un hébergement d’urgence au CCAS à partir d’aujourd’hui lundi 17 octobre. Les administrateurs ne veulent pas en rester là. Timidement dans un premier temps, avec conviction dans un second temps, l’idée est donnée de faire sortir de son bureau le directeur d’Habitat saint-quentinois, Marc Voisin, lors du prochain conseil d’administration le 27 octobre. Le rendez-vous est donc donné ce jour-là, également pour trouver une solution décente pour la famille.