Intervention au Conseil Municipal du 5 décembre 2011
sur le Budget à la loupe 2011
Rapport n° 5 Budget
« Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux.
Nous avons tous reçu dans notre boîte aux lettres le budget à la loupe 2011, quasi copié collé de l’édition 2010 : mêmes photos, même texte. Il y a une autre chose qui ne change pas, c’est que ce document reste partiel et partial ! Et cerise sur le gateau, c’est un outil de désinformation.
Pourquoi ?
Vous affirmez dans l’édito : « A Saint-Quentin, c’est vrai, les impôts sont élevés. C’est, hélas un héritage des époques de fortes augmentations que notre ville a pu connaître par le passé, par exemple entre 1989 et 1995, augmentations de 200% qui continuent de à se répercuter inévitablement chaque année dans le montant de nos impôts ». S’arrêter à la période 1989-1995, c’est un peu court non ? Il aurait fallu parler des augmentations sous l’ère de Jacques Braconnier, de Charles Picard, de Félix De Pardieu. Même, revenir aux augmentations d’impôts depuis la charte de 1080. Ca ça aurait eu du panache. Après tout, il doit bien en rester quelque chose !
D’ailleurs, on ne comprend pas très bien. A qui sont imputables ces 200% d’augmentation ? A la municipalité de Daniel Lemeur entre 1989 et 1995 ? Vous ne citez que cette période.
Renseignement pris auprès de vos services, cette augmentation d’impôt serait due au 120% d’augmentation entre 1977 et 1983 et au 65% entre 1989 et 1995, je cite « évolutions cumulées, qui font ressortir une hausse de la fiscalité de près de 200 %. »
Ce calcul est mathématiquement aberrant. Michel Aurigny, le Majax des chiffres comme il vous plait à l’appeler, vous en fera d’ailleurs la démonstration, brillamment et surtout comme d’habitude indiscutablement, ce qui fera passer votre calcul pour un mauvais tour de passe-passe à la Garcimore.
Quoi qu’il en soit, libre à vous d’omettre que l’inflation a été de 91% entre 1977 et 1983 (pour mémoire, l’inflation était par exemple de 13% en 1980). Enfin, ce ne sont que des détails apparemment.
Libre à vous de ne pas rappeler les 65% d’augmentation entre 1983 et 1989 (à remettre bien entendu, nous, nous le disons, dans le contexte d’une inflation encore importante).
Libre à vous d’oublier qu’en 1989, la trésorerie de la municipalité était exsangue, qu’il n’y avait pas de ressources foncières pour permettre l’installation d’entreprises, que l’assainissement de la ville restait à faire.
Il est tellement plus simple de dire n’importe quoi et de rejeter continuellement la faute sur l’autre, sans jamais assumer le présent ni le passé des ses propres mandats.
Revenons à la situation actuelle. Rappeler, dans le document, par de grosses pastilles rouges l’augmentation l’an dernier du taux du Conseil Général, pourquoi pas. Mais rappelez dans ce cas que l’Etat (vous en savez quelque chose) se défausse de ses prérogatives sur les départements (et les régions) sans en assumer pleinement les contreparties financières : l’Allocation Personnalisée d’Autonomie, la Prestation de Compensation du Handicap, le RSA, financés par le département en lieu et place de l’Etat[1]. L’an dernier, c’était 135 millions d’euros manquants car l’Etat ne finance pas à hauteur réelle de ces prestations. Combien aujourd’hui ?
Si l’augmentation passée du département est en rouge, celle de la communauté d’agglomération se fait, pour le moins discrète dans ce document. Pas vu pas pris, et de toute façon, ce n’est pas vous, c’est la communauté d’agglomération.
Pour finir, une si belle plaquette tient plus du journal municipal (avec son édito en première page), mais avec l’avantage de ne pas à avoir donner la parole à l’opposition. C’est dommage, nous aurions pu combler vos oublis. Car il n’y a rien sur le manque de places en crèche, rien sur le coût exorbitant de l’inutile vidéosurveillance (j’attends toujours la mise en place d’un protocole d’étude).
– rien sur l’augmentation de 13.3% en moyenne des logements d’habitat saint-quentinois depuis 2008. Rien sur le fait que d’ici 2015, les loyers augmenteront d’au minimum 8.24% supplémentaire sous la contrainte de la CGLLS, à raison de 2% minimum par an, taux plus élevé que l’indice de référence des loyers cette année[2].
– Rien sur la formation et l’emploi qui est pourtant à vos dires votre priorité. On aurait pu reparler de la baisse du chômage que vous seul voyez. Vous annonciez dans la presse en octobre que le nombre de chômeurs de catégorie A sur St Quentin intra muros était passé sous la barre des 4200 alors même que l’INSEE en dénombre 4291 (à la fin du second trimestre), soit une augmentation de 3.7% sur un an. A quand le démenti ?
En définitive, sur la forme, ce budget à la loupe n’est donc qu’un journal partiel, partial et de désinformation, dans lequel l’opposition ne peut s’exprimer. Comme c’est pratique d’être la majorité, on peut s’asseoir sur l’expression pluraliste.
Et sur le fond, il est bien entendu que nous ne voterons pas en faveur de ce budget.
Merci de votre attention. »
[1] http://www.aisne.com/photos_ftp/mag_aisne/pdf/dossierbudget178.pdf – Pour le département de l’Aisne, ce déficit cumulé, cette charge nette qui est la différence entre les dépenses réellement effectuées et les compensations verses par l’Etat, s’élève à :
> 135,5 ME pour l’APA depuis sa création et sa mise en oeuvre au 1er janvier 2002
> 5,2 ME pour la PCH depuis sa création au 1er janvier 2006
> 35,4 ME pour le RMI depuis le 1er janvier 2004, date de son transfert aux Conseils généraux.
[2] IRL :1.9%
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