La suppression de l’ASS ? Un scandale de plus au compteur d’Attal

Cet article sera publié dans le prochain numéro de l’Eveil qui sortira d’ici quelques temps

30 janvier 2024. Gabriel Attal, alors Premier ministre, monte à la Tribune de l’Assemblée nationale pour prononcer son discours de politique générale. Il a l’intention de paupériser davantage plusieurs centaines de milliers de Français. Il a l’intention de supprimer l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS).

Mais qu’est-ce donc que cette ASS ? Il s’agit d’une aide financière s’élevant à hauteur de 18,17€ par jour en 2024, soit 545,10€ par mois, versée aux chômeurs en fin de droit par France Travail, ex Pôle Emploi, afin de leur assurer un minimum pour vivre. Sont concernés ceux qui ont travaillé au moins cinq ans lors des dix années précédant la perte d’emploi, et ayant un revenu inférieur à un plafond prédéfini (1271,90€ par mois pour une personne seule, 1998,70€ pour un couple en 2024).

Ainsi, plus de 300 000 Français seraient affectés par cette suppression, décidée unilatéralement par le gouvernement, et ce pour deux raisons. La première, fallacieuse, est que cette allocation serait une « trappe à inactivité [car elle] prolonge les aides après la fin de l’assurance-chômage » selon les propres dires de l’ancien premier ministre. Ainsi, sa disparition forcerait les demandeurs d’emploi à revenir sur le marché du travail. La seconde découlerait d’une logique purement comptable : à part pour financer l’industrie de la défense, l’État n’a plus d’argent à redistribuer, et sa dette est soi-disant grande. 2 milliards d’euros seraient ainsi préservés grâce à cette suppression.

Bien évidemment, ces « économies » ont pour corollaire l’appauvrissement du prolétariat. En effet, les bénéficiaires de l’ASS devraient basculer sur le Revenu de Solidarité Active (RSA). En apparence, cela est plus avantageux car celui-ci est légèrement plus élevé (607,75€ par mois). Mais les conditions de ressources pour percevoir ce RSA ne sont pas les mêmes. Autrement dit : certains anciens récipiendaires de l’ASS ne toucheraient plus… rien. Il s’agit bien d’un coup de rabot supplémentaire infligé au droit au chômage.

Cette situation est aggravée par le fait que, depuis l’instauration de France Travail le 1er janvier 2024, l’autre condition à remplir pour bénéficier du RSA est de travailler au minimum 15H par semaine, sans qu’aucun maximum ne soit précisé. Il apparaît d’ailleurs important de rappeler que le département de l’Aisne a été un précurseur dans ce domaine avec l’adoption, soutenue par le Front de gauche à l’époque, le 24 juin 2019 d’un dispositif nommé « Aisne Actif Plus » : sous prétexte d’encourager le retour à l’emploi, celui-ci oblige en effet à réaliser 35H « d’activités de réinsertion bénévoles » par semaine, allant de la promenade de chiens à la SPA à la distribution de repas dans les EHPAD en passant par la récolte d’endives ou de pommes de terre. Concrètement il ne s’agit donc plus d’une aide de l’État, mais bel et bien de faire travailler des concitoyens sans signature de contrat préalable, et encore moins de véritable salaire. Or, contrairement à l’ASS, le RSA est financé par… les départements, pour le plus grand plaisir des entreprises et des associations qui peuvent donc exploiter cette nouvelle manne de travailleurs par ce biais. Nous vous invitons à aller consulter à ce sujet la très bonne intervention en 2019 du conseiller municipal communiste Olivier Tournay, disponible à cette adresse, ainsi que sur notre site national.

Enfin, dernières conséquences et non des moindres : à l’inverse de l’ASS, le RSA ne donne pas de trimestres supplémentaires pour la cotisation retraite. Cette mesure affecterait donc particulièrement les plus de cinquante ans qui, alors qu’ils sont en théorie en fin de carrière, se verraient obliger de rester actifs plus longtemps pour pouvoir profiter d’une retraite à taux plein. Une raison de plus de s’opposer à cette mesure, à l’heure du fameux « conclave des retraites ». Par ailleurs, les personnes en situation de handicap seraient également fortement touchées, puisque, contrairement au RSA, l’ASS pouvait être cumulable avec l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) : elles verraient ainsi leurs revenus baisser de manière significative.

Finalement, la suppression de l’ASS n’a pas été appliquée pour le moment. Mais il est à craindre que cette question soit évoquée de nouveau, le gouvernement Bayrou n’ayant de cesse de parler de « réduction de la dette ». Au détriment, une fois de plus, de notre modèle social pourtant envié à travers le monde.

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