Conseil municipal du 25 avril 2016
Intervention d’Olivier TOURNAY (PCF)
Rapport 22 : Carte scolaire
Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux.
S’il on observe de manière purement comptable les mesures de carte scolaire cette année, on constate que le solde entre les fermetures et les ouvertures est cette fois positif. Or, l’analyse doit se faire non pas sur cette seule année, mais en regardant l’hécatombe de fermetures de classe qui on eut lieu à Saint-Quentin. Pour mémoire, à Saint-Quentin, c’est plus de 35 postes supprimés et 3 écoles fermées depuis 2007, s’inscrivant dans les mesures du quinquennat de Nicolas Sarkozy : 77 000 postes en moins dans l’éducation nationale, mesures que la majorité municipale a accompagnées et que certains ont même voté. Pas plus de mansuétude avec les gouvernements Ayrault puis Valls puisque l’on s’éloigne à grands pas de la promesse d’embauche de 60 000 enseignants (d’autant que les postes nouvellement créés ont été absorbé par la pression démographique.)
Pour Saint-Quentin, voilà l’état des lieux.
Pour les postes classes, il y aura 3 ouvertures, auxquelles je souscris. Mais il y aura également 1 fermeture en pré élémentaire (Paule Polvent), 1 fermeture en primaire à Quentin Barré. Pour être complet, encore deux fusions d’écoles, une création de poste en ULIS et un poste « plus de maître que de classe ». Avoir des postes supplémentaires (du surnuméraire), c’est très bien, sauf que l’on continue en parallèle de fermer des classes. Se retrouver avec des cas où il y a 30 élèves par classe, cela n’a aucun sens, surtout que les professeurs des écoles ont pour mission de personnaliser et de différencier leurs enseignements.
Au lieu de se donner une chance d’avoir des classes moins chargées, on préfère se dire que 30 élèves dans certaines en primaire ou en maternelle hors ZEP par classe, permettent d’enseigner dans de bonnes conditions. Alors oui, on peut feindre d’ignorer que la réussite scolaire est aussi fonction du nombre d’élèves par classe. Je vous renvoie une fois de plus aux travaux de l’économiste Thomas Piketty[1], dont les conclusions de cette étude sont toujours accessibles sur le site de l’Education Nationale). Moins d’élèves par classe pour de meilleurs acquis, ce n’est pas une vue de l’esprit. Si l’on regarde le classement PISA (Programme International de Suivi des Acquis), qui émane de l’OCDE, la Finlande (bien mieux classée que la France) est un des pays où les inégalités sont le mieux corrigées par l’éducation : chez les 3-6 ans, c’est 21 enfants maximum par classe, avec 2 professeurs. Et en primaire, la norme est de 20 élèves par classe.
Qu’on le veuille ou non, Saint-Quentin est une ville qui se paupérise, où en moyenne 20% de la population est sortie du système scolaire avant la 3e . Cela est alarmant. Il faut en finir avec la logique comptable qui ne fait qu’augmenter le nombre d’élèves par classe.
A Saint-Quentin, comme ailleurs, au lieu de fermer des postes, qu’est-il nécessaire de faire ?
– Faire en sorte que l’école maternelle soit de nouveau accessible à tous dès deux ans, comme le dispose le Code de l’Education[2] qui prévoit que « l’accueil des enfants de deux ans [soit] étendu en priorité dans les écoles situées dans un environnement social défavorisée », la démonstration a été faite que c’est largement le cas à Saint-Quentin. 1ouverture de poste de poste en ce sens à Ferdinand Buisson ne suffira pas à compenser la situation globale.
Code de l’éducation qui prévoit aussi que « les enfants qui ont atteint l’âge de deux ans au jour de la rentrée scolaire peuvent être admis dans les écoles et les classes maternelles dans la limite des places disponibles ». En fermant des postes comme à Paule Polvent, on fait tout le contraire. Le taux de scolarisation des moins de 3 ans est extrêmement faible alors qu’elle permet justement d’éviter les redoublements à l’école primaire, surtout pour les milieux défavorisés. En définitive, plus on ferme en maternelle, moins on peut scolariser les enfants de moins de 3 ans.
Ce dont Saint-Quentin a besoin, c’est de classes qui ne ferment pas. Et c’était d’ailleurs la position de votre majorité jusqu’en 2002, qui s’opposait systématiquement à toute fermeture.[3] Il faut croire qu’il y a les mauvaises fermetures (quand votre majorité n’est pas au gouvernement) et les bonnes fermetures (quand votre majorité l’est), revendiquées à coup de logiques comptables. Pour finir, la majorité souhaite émettre un avis défavorable sur les fermetures, mais après ? Arrêtons ce jeu de dupes qui laisse croire que ce vote à une quelconque influence sur les fermetures alors que la décision a déjà été prise et entérinée en amont conjointement entre vous même et le Directeur départemental des services.
Merci de votre attention.
[1] L’impact de la taille des classes sur la réussite scolaire dans les écoles, collèges et lycées français –
Les dossiers évaluations et statistiques – Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire (École des hautes études en sciences sociales) – N°173 – mars 2006
[2] art L113-1
[3] Exemple du compte rendu de la séance du 25 février 2002 : « les difficultés des enfants […] justifient non seulement le maintien de tous les postes mais plus encore des créations de postes en faveur […] des élèves en difficultés. C’est ainsi et seulement ainsi que le retard scolaire de la Picardie, par rapport à la moyenne nationale, sera comblé. C’est pourquoi le Conseil Municipal se prononce contre la fermeture de postes proposée par l’Inspecteur d’Académie et demande la création de postes de soutien supplémentaires pour assurer l’indispensable rééquilibre national. »
Délibération votée à l’époque à l’unanimité.
A la question posée à Madame le Maire quant à savoir ce qu’elle comptait faire concrètement pour empêcher les nouvelles fermetures de classes, outre l’avis défavorable de principe voté par le conseil municipal, aucune réponse de l’intéressée.
Pour Madame Jacob, maître adjointe en charge de l’enseignement, la réponse reste purement comptable et va à l’encontre de l’avis défavorable qu’elle s’apprêtait à voter en substance, en s’exprimant en ces termes : « Quant aux fermetures de classes, il est difficile de défendre une école, où on est à 18 enfants 80 à l’école d’Isle Paule Polvent « . Les parents d’élèves apprécieront ce flagrant délit d’hypocrisie politique .