Intervention au Conseil Municipal du 9 novembre 2009
sur la Consultation des Saint-Quentinois
Rapport n°3
« Monsieur le Sénateur-Maire, Mesdames Messieurs les Conseillers.
J’ai deux constats à formuler et une question à poser au regard de ce débat d’orientation budgétaire.
En premier lieu, il apparait que c’est la dite « consultation des saint-quentinois » qui permet de proposer l’orientation de la politique de la ville. Consultation dont nous ne pouvons que contester les modalités. La majorité municipale voudrait asseoir sa légitimité politique sur une consultation totalement illégitime.
En effet, qui s’est prononcé? Nous ne le savons pas et nous ne pouvons pas le savoir. Quiconque le souhaitait, pouvait voter (que la personne soit de Saint-Quentin ou non) et ce, plusieurs fois. Surtout, cette consultation concerne environ 5700 personnes, ce qui est finalement bien peu au regard d’un scrutin municipal.
D’autre part, il est demandé à la population de voter sur de projets, comme la vidéosurveillance, déjà avalisés en Conseil municipal, qui doit rester seul souverain en la matière par son vote, ou sur des sujets qui ne sont pas du ressort de la municipalité, comme le contournement de l’agglomération.
Nous sommes face à un catalogue de propositions sans réelle cohérence entre elles, parfois grotesque quand il s’agit de savoir s’il faut continuer d’entretenir les trottoirs. Qui s’y opposerait ? Ces nombreux points donne clairement à penser que la feuille de route de la majorité n’est pas fixée.
Mais cela permet tout de même de mettre en évidence le manque de volonté politique de la majorité en faveur de l’emploi et de la formation. La faiblesse des propositions et des moyens financiers en sont la preuve, alors même que l’on constate alors que la ville est rongée par le chômage : 14.8% de catégorie A pour le bassin saint-quentinois (source INSEE d’octobre 2009), qu’il monte à plus de 26% dans le quartier Europe ! (source CUCS 2006).
Le premier constat est donc que cette consultation n’est qu’un bel outil de communication mais ne traduit aucunement de réelle volonté politique.
Le second constat est que cette consultation a permis de faire disparaitre certains projets tels que la salle des musiques actuelles, débuté pourtant il y a plus de 2 ans.
La ville de Saint-Quentin possède des salles de spectacle (le Splendid, le théâtre, la manufacture), mais aucune adaptée aux musiques dites actuelles comme à Amiens par exemple, bien qu’il y ait une réelle tradition musicale de ce type à Saint-Quentin et un public en demande.
Lorsque le projet débute, une association se crée pour l’occasion, dont Monsieur le Maire, vous rencontrez les membres en 2007, les élections municipales il est vrai approchant. Ce projet est même repris dans votre programme de campagne (page 36 du fascicule). Une fois les élections passées, le dialogue se fait plus distant puis est complètement coupé(le dernier contact remonte à janvier 2009).
Cette consultation qui n’explique en rien le projet permet à la majorité de faire passer ce projet à la trappe.
La diversité culturelle Saint-Quentinoise méritait un tout autre sort.
Dernier point concernant ce débat d’orientation budgétaire.
Il est question de 130 000 euros concernant la construction d’un abri de stockage pour la guinguette. Renseignements pris, il semblerait que cet investissement soit en fait en direction de la base nautique du parc d’Isle. Pouvez-vous infirmer ou confirmer ce propos. Mais quoi qu’il en soit, je trouve assez étonnant le mélange des genres pratiquées entre une municipalité et une entreprise privée. Je m’en explique.
En effet, la guinguette a été construite par le biais de fonds publics (à hauteur d’environ 800 000 euros) puis est passé un appel d’offre pour en rendre la gestion privée. Ce n’est donc pas une délégation de service public.
Cet établissement a accès à une large couverture médiatique (clip promotionnel durant l’émission interville) et à un public envoyé par les services municipaux (thés dansants du CCAS, actions des centres sociaux), ce que n’ont d’ailleurs pas les autres établissements de Saint-Quentin proposant le même type d’activités.
Pour autant, cette société a des difficultés de fonctionnement. Aussi, la municipalité a décidé en juillet 2009 de prendre à son compte l’entretien de la chaudière (environ 5000 euros d’économie) et de réduire le loyer de 15 %. J’aurai aimé que les conseillers municipaux siégeant au conseil d’administration de l’OPH aient la même mansuétude lorsqu’ils ont voté dernièrement l’augmentation des loyers[i].
En définitive, ma question est très simple : est-il légitime qu’une municipalité finance directement ou indirectement un établissement privé ?
Pour l’opposition, c’est non.
Merci de votre attention. »
[i] Une augmentation de loyer comprise en 1.5 et 1.69% a été votée à l’OPH le 23/10/2009 alors même que le Gouvernement préconisait de ne pas dépasser 1%.
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