Dans ses vœux pour la nouvelle année, le Président Hollande s’est voulu énergique, volontariste. Il a dénoncé le dénigrement de la France pour lui substituer un peu de vaine gloriole (« cinquième puissance du monde », « deux prix Nobel cette année »). Contrairement aux années précédentes, il n’a pas pleuré sur la crise internationale qui conditionnerait les choix nationaux. Changement de ton mais non de politique !
Mais pourtant rien ne va ! Hollande n’a pas pu complètement ignorer les difficultés quotidiennes croissantes du plus grand nombre. A nouveau, il a insisté sur sa priorité de réduire le chômage, qui est au plus haut. C’est à se demander si le gouvernement n’entretient pas un haut niveau de chômage pour mieux prétexter sa politique de casse sociale. Poser la question, c’est y répondre. Pas un mot de Hollande sur les salaires, les retraites et la chute du pouvoir d’achat.
Hollande s’est évertué à présenter la « réforme territoriale » et le « Pacte de responsabilité » comme des faits accomplis, dont il se prévaut. Il ne serait plus temps de contester le plus gros transfert – 41 milliards d’euros par an – jamais organisé des salaires et du salaire socialisé vers le patronat et le profit capitaliste. Il indique un chemin de repli à la « gauche » et aux syndicats : « aux entreprises maintenant d’embaucher et d’investir », c’est-à-dire négociez des contreparties au Pacte bien sûr sans le remettre en cause.
On a senti Hollande impatient d’ailleurs que le nouveau cycle de « négociations » pour la « modernisation du dialogue social » aboutisse pour plus et mieux de collaboration de classe.
Toujours rétrospectivement, au titre des « avancées sociales », Hollande a mis en avant le « compte pénibilité », pourtant illisible et qui entretient la pénibilité au travail plus qu’il ne la combat ou la compense, et les « jeunes professeurs mieux formés », mais beaucoup moins payés : ils apprécieront.
Ceci dit pour 2015, Hollande n’a quasiment rien annoncé de précis qui concrétise la nouvelle année de sacrifice promise l’avant-veille dans la presse espagnole par Manuel Valls. Il s’est étendu sur la fumeuse perspective de la conférence climat à Paris en décembre et a donné le nouveau débat sociétal de diversion de l’année : l’euthanasie.
Mais dans le domaine économique et social, il n’a insisté que sur le projet de loi Macron « sur l’économie » qui doit être discuté dans les prochaines semaines. Il a osé le présenter comme un « coup de jeune pour la société ».
La loi Macron, très disparate, dont la seule cohérence est la satisfaction des lobbys patronaux, apparaît de plus en plus autant comme un coup politique que comme une somme de mauvais coups économiques et sociaux. Communistes, il va de soi que nous en combattrons tous les aspects négatifs, dont l’extension du travail du dimanche, la remise en cause des prud’hommes, la privatisation des aéroports, l’extension des transports par car contre le chemin de fer etc.
Mais nous constatons aussi comment le débat public sur la Loi Macron commence à nourrir toute les confusions politiques dans l’opinion. Des corporations marquées à droite, soutenues par la droite (et l’extrême-droite), notaires ou huissiers, apparaissent en pointe. Cette partie du PS, « frondeurs » et Aubrystes, qui a laissé passer le Pacte de responsabilité et voté pour la casse de la SNCF, se refait une virginité en découvrant les vertus du repos dominical et retrouve Mélenchon et ses nouveaux amis « verts ».
Hollande sait ce qu’il fait. Plus que jamais, communistes, nous combattons toute la cohérence de la politique qu’il mène de la même façon que ses prédécesseurs. Nous ne confondrons pas le souci de rassemblement des travailleurs, de convergences avec la remise en selle d’une équipe social-démocrate de recours, avec les politiciens qui ont propagé des illusions avant 2012, qui se réfèrent encore au programme électoral de Hollande et qui adhèrent à la tromperie de l’Union européenne.
2015, pour le système, c’est déjà le dernier virage avant la ligne droite des élections présidentielles de 2017. L’omniprésence médiatique, même sur un mode mineur, du Président contribue à focaliser les esprits sur ce leurre institutionnel, comme la mise en scène des primaires à droite. Hollande a rappelé qu’il serait là « jusqu’au bout » levant toute hypothèse, improbable, d’élection anticipée. Dans ce cadre, à nouveau, il n’a pas manqué hier de raviver le rôle de repoussoir et de déversoir que le système assigne au FN et d’assimiler tout rejet de l’UE du capital au « populisme ».
Se voulant soucieux du chômage, Hollande a pourtant été muet sur la collaboration de son gouvernement à la casse industrielle du pays, dont après Arcelor-Florange, Alstom est peut-être le pire exemple, avec la scandaleuse opération Montebourg. Il a été muet sur les 8000 suppressions d’emplois à La Poste. Il s’est gardé de se vanter de la dissolution de la SNCF avec la « réforme ferroviaire » et de l’opposition déterminée qu’elle suscite. Qui ne dit mot entend continuer sur la même voie, même discrètement.
De même, on n’a rien entendu sur la Sécurité sociale pour 2015. Mais Hollande a présenté honteusement la fin de l’universalité des allocations familiales comme une mesure de justice sociale et s’est félicité de la suppression complète des cotisations sociales patronales pour les salaires au niveau du SMIC avec le « Pacte de responsabilité ». Cela donne une idée des politiques à venir.
La continuité marquera aussi en 2015 la politique étrangère de Hollande au service des impérialismes français, européens et américain. Hollande s’est lourdement réjoui dès le début de son intervention des « succès » de la diplomatie française en omettant cette année de rendre hommage aux soldats français morts. 2014 restera marqué par le soutien inconditionnel à la guerre et aux crimes israéliens à Gaza, au soutien à un coup d’Etat et à des fascistes en Ukraine, à des interventions sans fin en Afrique etc. Mais on continue…
Nous aussi, nous continuons ! La colère sociale gronde. Les luttes se multiplient. La résignation entretenue avec les désillusions d’après 2012 s’estompe. Tomber dans les pièges renvoyant à de nouvelles illusions en 2017, réformistes ou bien pire, fascistes, n’est pas une fatalité.
2015 peut et doit être l’année de grandes campagnes de lutte, précises et convergentes, pour la défense de la Sécurité sociale, des services publics, pour des nationalisations, contre l’alignement sur l’Union européenne, pour la paix, pour commencer à inverser la politique au service du capital. Sans oublier que le Président n’est qu’un rouage du système.