Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/
Les Tunisiens peuvent se faire voler leur révolution. Mais ceux qui leur confisquent ne l’emporteront pas au paradis. Bernard-Henri Lévy dit BHL en a payé le prix. Aussitôt arrivé à Tunis pour une obscure visite après les élections, aussitôt rembarqué pour Paris.
La visite devait être secrète, elle a fuité comme une traînée de poudre. Dès que l’avion de BHL a touché le tarmac de l’aéroport de Tunis-Carthage, ce 31 octobre, plusieurs dizaines de manifestants l’ont accueilli sous les cris de « BHL dégage » et « Non aux intérêts sionistes en Tunisie ».
Il a fallu l’intervention des forces de sécurité de l’aéroport pour l’exfiltrer via une porte secondaire. Une entrée en matière peu glorieuse. Et une sortie qui ne l’est guère plus. Alors que BHL devait rester dans un hotel hupppé jusqu’à jeudi prochain.
Face à l’émoi populaire, le gouvernement tunisien somme BHL de repartir
Le gouvernement tunisien l’aurait prié de plier bagage dès la soirée du 1er novembre, face à la vague d’indignation populaire soulevant le pays.
BHL prétend qu’il ne devait réaliser qu’une visite éphémère, donc qu’il n’a quitté le pays que de son propre chef. Pourtant, le Ministre des Affaires étrangères – qui n’était pas informé de la visite de BHL en Tunisie – l’a prié de rentrer en France avec le premier avion samedi.
Beaucoup de rumeurs ont spéculé sur la partie invitante, sur les motifs de la visite de BHL, dont on sait les liens avec les milieux néo-conservateurs américains et sionistes israéliens, la corrélation directe entre sa présence et une guerre qui se prépare dans la région.
Certains ont parlé d’une invitation de son ami, le leader islamiste d’Ennahdha Rachid Ghannouchi (ils s’étaient déjà rencontrés à Paris en août 2013), de tractations avec le djihadiste algéro-libyen Abdelkader Belhadj. On a évoqué tantôt une nouvelle ingérence dans les affaires libyennes, ou une tentative de peser sur la formation du nouveau gouvernement tunisien.
Une enquête a été ouverte sur les conditions de la venue de BHL à Tunis. Mais il est désormais quasiment sûr qu’il a été invité pour une conférence convoquée par des individus très puissants, pour régler le sort de la Libye post-Kadhafi, toujours dans le chaos.
Des agents américains, des émissaires qataris pour décider du sort de la Libye
Suivons BHL, qui a publié sur son site des photos de son voyage-éclair en Tunisie.
Qui a invité BHL ? C’est Ghazi Moalla, présenté dans les médias comme « un expert tunisien des affaires libyennes ». Moalla est une personnalité très puissante, directeur exécutif de la Holding du Fonds qataro-libyen (LQH) qui a déjà investi plusieurs centaines de millions d’euros en Tunisie.
Moalla est lié politiquement à Mohammed Abbou, chef du petit parti « Courant démocratique », ancien leader du parti « Congrès pour la République » du président actuel, Moncef Marzouki, connu pour être l’ami servile de la France.
Sur la photo de BHL, on retrouve bien sûr son ami de toujours Gilles Hertzog, vieille figure de l’ombre, paladin de l’anti-totalitarisme (lire : anti-communisme), issu du gauchisme quoique petit-fils de Marcel Cachin, ami de la famille Kouchner, combattant invétéré du droit d’ingérence occidental, de la Yougoslavie à l’Ukraine.
BHL aime à présenter un certain Nouri Cheriou comme une « grande figure des Amazighs ». On connaît mieux Wahid Bourchène, homme d’affaires libyen issu de Ghériane en Tripolitaine. Son projet-phare : susciter une rebellion amazigh, pousser à la sécession, et récupérer le morceau.
Walid Bourchène opère désormais depuis la Tunisie. Mais cet ancien membre influent du CNT (Conseil national de transition), qui se présente comme « un musulman dévôt » a joué un rôle-clé dans la guerre civile – à peine parachuté depuis les USA en assurant les télécommunications, en organisant la rebellion à Gheriane.
Car c’est aussi un américano-libyen, qui a longtemps résidé à Chicago.
Un autre américano-libyen, peut-être encore plus influent dans l’ombre, se trouve être Fadel Lamen. Il se présente comme « journaliste, écrivain, conseiller politique ». Il collabore à l’Atlantic Council, pour le centre pour le Moyen-orient Rafik Hariri (sic).
Il va sans dire que l’Atlantic Council est un des outils de l’influence américaine dans le monde, faisant le lien entre milieux politiques, économiques, intellectuels pro-américains. D’ailleurs Fadel Lamen a longtemps été résident à Washington D.C, maison-mère de l’Atlantic Council.
Fadel Lamen est l’homme des Américains en Libye, il est même le président de l’American-Libyan council, chargé de défendre les intérêts américains en Libye, en renforçant la collaboration américano-libyenne.
La connexion islamisme tunisien, Etats-unis et BHL
Dire que c’est la défense de Bernard-Henri Lévy, elle a le mérite d’être claire !
Plus récemment, outre celui plus connu de Rachid Ghannouchi, le nom deRedouane Masmoudi a circulé avec insistance, sans confirmation. Il aurait invité BHL à une conférence le 2 novembre sur la Libye.
Masmoudi est un homme-clé en Tunisie. Via le Centre d’études sur l’islam et le démocratie (CEID) financé par le Département d’Etat américain, ayant passé trente ans aux Etats-unis, il est le lien d’Ennadha avec les Etats-unis. Il œuvre à la collaboration avec les partis libéraux et atlantistes, au recyclage des administrateurs de l’Ancien régime.
Wikileaks a révélé que c’est Masoumid qui a fait le lien dans les années 2000 entre les diverses administrations américaines et Ennadha, rassurant les Etats-unis sur l’adhésion des islamistes aux plans américains pour la région.
Ce sioniste qui copine avec les pires anti-sémites que connait la planète !
B.H.Lévy crie une nouvelle fois – dans le Point – à une cabale anti-sémite ourdie par l’extrême-gauche. On reste sans voix. Lui qui voit des anti-sémites partout ne semble pas les voir sous son nez.
Il a prêché à Sarajevo, à Pristina, béni les djihadistes venus d’Arabie saoudite et d’Afghanistan pour tuer l’islam modéré bosniaque, applaudi les criminels de guerre islamistes de l’UCK albanaise, spécialistes de l’humanitaire façon trafic de drogue, d’armes et d’organes.
Il a juré serment à Tobrouk, pendant que les troupes fanatiques menées par le fou de Dieu Abdelkader Belhadj – qui a aiguisé ses couteaux dans la sanglante guerre civile algérienne – semaient la terreur, imposaient la Charia, arrivées dans les bombardiers de l’étranger.
Trois ans après, le pays est à feu et à sang, livré aux bandes rivales, aux politiciens corrompus. La guerre libyenne a fait au minimum 60 000 morts.
Il a pontifié sur la place Maidan à Kiev. A ses côtés, des symboles de nostalgiques du III ème Reich, des crânes rasés patibulaires, et les oripeaux des nostalgiques des collaborateurs tueurs de juifs de Stepan Bandera.
Le point commun entre ces gens-là, ce sont des anti-sémites notoires, viscéraux. Mais ce sont aussi des agents de l’impérialisme américain, collaborant à l’occasion aussi avec le sionisme.
Les bataillons de volontraires comme « Azov » ou « Dniepr » sont composés de néo-nazis … financés par l’oligarque israélo-ukrainien Igor Kolomoisky !
Le Qatar, l’Arabie saoudite où l’anti-sémitisme est religion officielle – être juif à Riyad est passible de la peine capitale – ne se gênent pas pour armer les rebelles islamistes syriens qui détruisent le meilleur allié de la Palestine contre Israel. Le Hezbollah, lui, ne se trompe pas !
BHL n’est pas le défenseur des Juifs, il combine tous les jours avec des anti-sémites viscéraux. C’est un sioniste, un agent de liaison des Etats-unis, de la France, d’Israel qui participe à la coordination des efforts pour créer un « Ordre nouveau » favorable aux puissances impérialistes.
Les Tunisiens, sans la moindre démonstration d’anti-sémitisme, ne se sont pas trompés en le faisant dégager de Tunis. Les élections ont montré la confiscation de la révolution dans les urnes, la domination des puissances étrangères sur le pays. Mais ils ne contrôleront pas la rue, comme ils ne contrôleront pas les cœurs et les âmes des Tunisiens !