Vidéosurveillance – 8 décembre 2008

Intervention au Conseil Municipal du 8 décembre 2008
sur la réforme de l’évaluation des personnels

 

Rapport n°13

 


Non à la videosurveillance à St-Quentin… par pcf-sq

 

« Monsieur le rapporteur, Mesdames Messieurs les conseillers, Monsieur le Sénateur Maire.

 

La ville qui sourit est-elle à ce point dangereuse ? C’est la question que nous posons au regard de ce rapport.

 

La réponse semble  être négative car, outre un but préventif, vous souhaitez lutter contre, je cite, « le sentiment d’insécurité que peuvent ressentir [les] habitants ».

 

Dans un premier temps, j’aimerai connaître quels critères permettent de quantifier l’effet dissuasif et préventif un tel système ?

D’autre part, nous sommes confrontés à un cas flagrant d’instrumentalisation du sentiment d’insécurité. Qu’est-ce que le sentiment d’insécurité si ce n’est une notion aux contours plus que flous  que le droit ne définit pas. Il sert juste à  justifier et légitimer les politiques publiques de sécurité.

 

Quant au système de vidéo protection, qu’il serait bon plutôt d’appeler vidéosurveillance, on ne peut que constater son inefficacité au regard des nombreuses analyses qui s’y rapportent. Durant la commission des finances, un conseiller a affirmé que des rapports prouvant l’efficacité de ce système existent  et qu’il n’y avait qu’à venir les consulter. C’est donc ce que j’ai demandé à faire en Mairie : j’attends toujours qu’on me les présente.

 

Même le rapport, qui n’est pas à charge,  de l’INHES[1] (Institut National des Hautes Etudes de Sécurité), commandé par le ministère de l’Intérieur, pointent à de très nombreuses reprises les défaillances d’une telle politique.

 

A titre d’exemples :

 

– Son utilisation se fait surtout a posteriori : les cas des flagrants délits sont très rares.

 

– Est également décrit l’ « effet plumeau » : à savoir un déplacement de la délinquance hors du champ des caméras, argument à mettre en relation avec un changement de stratégie des délinquants (port de cagoule ou de casque, fuite systématique)

 

–          Ce système place le plus souvent la ville sous « l’œil myope » des caméras  (images pas assez précises, floues). En Angleterre, nation qui a le plus de caméras par habitants, 80% des images recueillies sont jugées médiocres et peu utiles. « Œil myope » voire totalement aveugle car certaines caméras ne sont même pas branchées ou les opérateurs en charge de la surveillance ne sont pas en mesure de contrôler en même temps tous les écrans,  écrans qui eux-mêmes ne correspondent pas aux nombres de caméras en opération.

 

– Se pose aussi la question de qui surveille et qui va être surveillé.

Qui surveille ? En règle général du personnel mal formé, faisant un travail fastidieux, répétitif et ennuyeux.

Qui est surveillé ? Essentiellement des hommes de moins de 30 ans, et s’ils ne sont pas blancs, ils ont deux fois plus de chances d’être surveillés[2]. C’est cela la réalité d’un tel système, une surveillance fondée sur les préjugés !

 

–  Mais surtout, le rapport de l’INHES explique que la vidéosurveillance n’a aucun impact sur l’atteinte aux personnes et n’a qu’un impact relatif sur certaines atteintes à la propriété. Il n’est même pas possible de faire de corrélation entre l’installation des caméras et l’élucidation des délits.

 

Tout cela pour un coût chiffré à Saint-Quentin à 1.5 millions d’euros sur 3 ans, soit pour 60 caméras,  8300 euros par an et par caméra. Mais toujours selon le rapport de l’INHES, le véritable montant s’établirait à 35 000 euros[3] en moyenne  par caméra lorsque l’on intègre tous les paramètres (les liaisons, les logiciels, le local, la mise en relation et le déploiement des forces de l’ordre,…).

 

Bref, un coût exorbitant pour un effet nul si ce n’est en cas « d’émeutes urbaines » et de prévention du terrorisme : je n’ai vraiment pas l’impression que la ville de Saint-Quentin entrent dans ces catégories de risques.

 

 

 

Les poncifs habituels « Qui n’a rien à se reprocher, n’a rien à craindre »  ou comme cela a été chuchoté en Commission des Finances, que c’est faire preuve d’angélisme  que de s’opposer à la vidéosurveillance, ne suffiront pas à convaincre de l’efficacité de ce système.

 

Enfin, une dernière illustration. Monsieur le Sénateur-Maire, vous évoquiez ici même les cas de délinquance qui ne diminuaient dans le camp des voyageurs à côté du Stade Debresie. Or, ce camp est déjà surveillé par des caméras. Vous nous prouvez par un exemple concret que ce système n’est pas efficace.

 

 

 

 

L’opposition quant à elle préconise la mise en place d’un Office de la Tranquillité Publique permettant une prise en compte permanente et immédiate des personnes victimes de conflits, nuisances sonores, constatations de dégradations…par l’accueil, l’information, l’orientation et, le cas échéant, la mise en place d’une médiation. Et dans le cas de crimes et délits, de laisser aux forces de police et de gendarmerie exercer leurs prérogatives.

 

 

 

Pour finir, nous constatons vous nous proposez un vote bloqué en votant à la fois pour l’appel d’offre et pour le Comité d’éthique local.  Nous souhaiterions donc un vote dissocié pour bien exprimé notre message : nous voterons contre l’appel d’offre. Dans le cas où celui-ci serait adopté,  nous proposerons tout de même un représentant pour le comité d’éthique afin que l’opposition continue de se faire entendre sur ce sujet. »

 

[1] INHES, La vidéo protection – conditions d’efficacité et critères d’évaluation, mai 2008

 

[2]  Gary Amstrong et Clive Norris, The unforgiving eye : CCTV surveillance in public space » Centre for Criminology and Criminal Justice, université de Hull (RU, 1997

[3] INHES, La vidéo protection – conditions d’efficacité et critères d’évaluation, mai 2008

 

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