Vidéosurveillance – 28 septembre 2009

Intervention au Conseil Municipal du 28 septembre 2009
sur la vidéosurveillance

 

 

« Monsieur le Sénateur-Maire, Mesdames Messieurs les conseillers.

Dans le rapport n° 28, il nous est demandé de statuer sur la création de 6 postes d’adjoint technique de 2ème classe exerçant les fonctions d’opérateur de vidéosurveillance.
Avant d’en venir à  cette question des embauches, il est bon de rappeler quelques faits. Lors de la séance du 8 décembre 2008 délibérant sur la vidéosurveillance, vous n’aviez pas répondu à nos interrogations, prétextant que vous ne pourriez nous convaincre, nous renvoyant aux écrits de d’Alain Bauer, au passage, parfait représentant de « l’industrie de la peur »[i]. Pour autant, nous continuons de l’affirmer : la vidéosurveillance est coûteuse, inutile et simplement destinée à faire oublier le malaise social.

Coûteuse, car il faut rappeler que le projet des 60 caméras s’élève à 8 300 euros l’unité (quand bien même l’Etat y ira de son obole) , mais que l’ensemble du dispositif (logiciel, local, personnel, déploiement des forces de l’ordre) permet sans prendre trop de risques d’estimer le coût à 35 000 euros  par caméra[ii].
Inutile , car vous n’êtes pas sans connaître les études traitant du sujet, notamment, la récente intervention  du responsable du bureau des images, identifications et détections visuelles de la police métropolitaine de Londres (New Scotland Yard) qualifiant la vidéosurveillance au Royaume-Uni  de “véritable fiasco”[iii] malgré ses 4,2 millions de caméras, soit une pour 14 habitants.
A Londres et  ses 65 000 caméras, moins de 3% des délits ont pu être résolus grâce à ce système. Pensez vous que les 60 caméras installées à Saint-Quentin seront plus efficaces ?
Enfin,  Brice Hortefeux veut 60 000 caméras sur la voie publique  d’ici la fin 2009. Vous faites Monsieur le Sénateur-Maire ainsi parti des bons élèves de la politique sécuritaire visant à rassurer faussement la population, détournant alors l’attention des réels problèmes économiques comme le chômage et  compensant ainsi tout aussi faussement le manque de fonctionnaire de la Police Nationale.

J’en viens à la création des 6 postes, quelques réflexions et questions s’imposent.
Premier point,  6 postes (à 35 heures je présume),  donc 210 heures par semaine de surveillance,  soit  1.25 employés par heure en permanence pour surveiller 60 caméras (s’il on considère que la surveillance s’effectue 24 heures sur 24). La surveillance se déroulera-t-elle ainsi , c’est-à-dire avec des employés travaillant au 3/8 pour un salaire équivalent au smic comme le spécifie la grille indiciaire ? Ou existera-t-il des plages horaires qui resteront sans surveillance ?  Et enfin, comment une personne seule  peut-elle surveiller 60 écrans à la fois ?

Second point.  En  février 2004, la municipalité d’Asnières s’est honteusement illustrée lorsque la mairie a utilisé les moyens de vidéosurveillance dont elle s’est dotée afin  de traquer les colleurs d’affiches défavorables au maire. Attendu que  la loi du 15 avril 1999 impose que les personnels municipaux agissent exclusivement sous « l’autorité du maire »  et  sont donc dépendant de lui pour leur carrière et leur salaire, quelles garanties à long terme,  avons-nous pour que de telles dérives ne puissent avoir lieu à Saint-Quentin ?

Dernier point et non des moindres. Sur quels critères surveillera-t-on la population ? Qui décidera de ces critères ? Parce qu’ils doivent rapidement trier un très grand nombre de données, les opérateurs ont tendance à se focaliser plus particulièrement sur une gamme de caractéristiques repérables plus facilement plutôt que sur des comportements suspects.  J’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer mais sur de tels faits il vaut mieux les marteler : sont observés essentiellement des hommes de moins de 30 ans, et s’ils ne sont pas blancs, ils ont deux fois plus de risques  d’être surveillés. Comme cela a parfaitement été démontré par deux chercheurs du CNRS dans une étude publiée en juin 2009[iv], la surveillance et le contrôle de la personne se fondent d’abord sur l’apparence ; non pas sur ce que les gens font, mais sur ce qu’ils sont, ou paraissent être. Voila la vidéosurveillance telle qu’est pratiquée ailleurs et je doute que Saint-Quentin ne fasse exception.

Pour terminer, nous  souhaitons que les votes  concernant les postes d’opérateur soient dissociés des autres créations, comme celui d’éducateur sportif par exemple. L’opposition privilégie, vous vous en doutiez, une politique basée sur la prévention. »

 

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